Résumé de la 6e partie n Même l'amour ne les a pas réunis. La raison : Sharon et Stève ont une vision différente de la réalité. Ils avaient parlé de tout. Son père était ingénieur dans une compagnie pétrolière. Ses deux sœurs étaient nées à l'étranger. Elles étaient maintenant mariées. «Comment y avez-vous échappé ?» Il devait poser la question. Tous deux savaient bien qu'elle signifiait en réalité : «Y a-t-il quelqu'un dans votre vie ?» Mais il n'y avait personne. Elle avait passé la plupart de son temps à voyager pour son ancien journal avant de devenir éditorialiste. C'était intéressant et très amusant et les sept années qui avaient suivi l'université s'étaient écoulées sans qu'elle s'en aperçoive. Ils étaient rentrés chez elle à pied et, au second carrefour, s'étaient pris par la main. Elle l'avait invité à prendre un dernier verre, mettant une très légère emphase dans «dernier verre». Pendant qu'il préparait les boissons, elle avait allumé le petit bois dans la cheminée et ils étaient restés assis côte à côte à regarder le feu. Steve gardait un souvenir intense de cette nuit-là, de la façon dont le feu faisait briller l'or de ses cheveux, jetait des ombres sur son profil droit, illuminait son rare et beau sourire. Il avait failli la prendre dans ses bras, mais l'avait simplement embrassée doucement en partant. «Samedi, si vous êtes libre…» Il avait attendu. «Je suis libre. — Je vous appellerai dans la matinée.» Et sur le chemin du retour, il avait su que la solitude infinie de ces deux dernières années allait peut-être se dissiper. Si jamais je te quittais... Ne me quitte pas, Sharon. Il était huit heures moins le quart quand il pénétra au 1347 de l'avenue des Amériques. Les employés de L'Evénement n'avaient pas pour habitude d'être matinaux. Les couloirs étaient déserts. Saluant le gardien devant l'ascenseur, Steve monta dans son bureau du trente-sixième étage et téléphona chez lui. Mme Lufts répondit : «Oh ! Neil va très bien ! Il est en train de prendre son petit déjeuner, de grignoter, devrais-je dire. Neil, c'est ton père.» Neil prit l'appareil. «Hello, papa, quand rentres-tu à la maison ? — A huit heures trente. J'ai une réunion à cinq heures de l'après-midi. Les Lufts vont toujours au cinéma, n'est-ce pas ? — Oui, je crois. — Sharon sera à la maison avant six heures afin qu'ils puissent partir. — Je sais, tu me l'as dit.» La voix de Neil était neutre. «Bon. Passe une bonne journée, mon petit. Et couvre-toi bien. Il commence à faire froid ici. Est-ce que vous avez déjà de la neige ? — Non, c'est juste un peu couvert. — Bon. A ce soir. — Au revoir, papa.» Steve fronça les sourcils. Il avait du mal à se rappeler le temps où Neil était un enfant plein d'entrain et de joie de vivre. La mort de Nina avait tout changé. Il voulait que Neil et Sharon se rapprochent l'un de l'autre. Sharon faisait vraiment tout ce qu'elle pouvait pour briser la réserve de Neil, mais il ne cédait pas d'un pouce. Pas encore, du moins. Du temps. Tout prenait du temps. Avec un soupir, Steve se tourna vers la table qui se trouvait derrière son bureau et prit l'éditorial sur lequel il avait travaillé la nuit précédente. (à suivre...)