Considérations Il a les moyens de rejeter une loi qui s?inscrit aux antipodes des recommandations de l?OMC en matière de libéralisation du commerce extérieur. Avec l?adoption par l?APN du projet de loi de l?interdiction d?importation des boissons alcoolisées, interdiction proposée par le mouvement islamiste El-Islah, il se confirme de plus en plus que les islamistes sont les partisans les plus opiniâtres de la production nationale dès lors que cette interdiction n?affectera pas les produits locaux. Mais cette interdiction émane-t-elle vraiment des seuls islamistes, sachant que le FLN est le parti majoritaire dans l?hémicycle de Zighoud-Youcef? Qu?est-ce qui aurait empêché les élus de l?ex-parti unique d?y opposer leur veto ? Même si les accointances du FLN avec l?islamisme sont connues, la conjoncture dans laquelle est intervenu le vote de cette loi, laisse croire que, quelque part, le parti majoritaire a préféré montrer patte blanche. D?une pierre deux coups : satisfaire les inclinations conservatrices de beaucoup de ses élus et donner du fil à retordre au clan présidentiel, réputé hostile à Ali Benflis, l?actuel SG du FLN. Benflis, qui connaît les attaches populistes et le profond enracinement du parti dans la société paysanne conservatrice, trouverait plutôt son intérêt à consentir discrètement à donner un coup de main à cette loi que de s?y opposer avec le risque de voir les redresseurs et à leur tête un Abdelaziz Belkhadem qu?on présente souvent comme étant proche des ayatollahs de Téhéran, exploiter à son profit cette faille. Il n?empêche que le Sénat, dont la composante est dominée par les élus du RND et qui compte en son sein le fameux tiers bloquant désigné par le président de la République, a les moyens de rejeter une loi qui s?inscrit aux antipodes des recommandations de l?OMC en matière de libéralisation du commerce extérieur. Si cette loi venait à être adoptée demain par le Conseil de la nation, les boissons alcoolisés algériennes ne pourraient pas être exportées du moment que l?OMC appliquera la règle de la réciprocité. Au-delà de l?hypothèse d?un FLN tétanisé par la perspective de l?élection présidentielle, il reste à déterminer la part des intérêts économiques en jeu. Aussi si le Sénat approuve la loi, on sera en droit de conclure que, quelque part, le système a manipulé les islamistes. Alors on serait dans le cas du manipulé qui accepte la manipulation, mais où tout le monde trouve son compte.