Evénement En votant la loi de finances 2004, les deux institutions se sont mises sous les feux de la rampe. Trois dossiers ont particulièrement focalisé l?attention de l?opinion publique : l?interdiction de l?importation des boissons alcoolisées, l?importation des véhicules de tourisme de moins de trois ans et l?exonération des droits et taxes de douanes pour les livres. Pour le premier dossier, à en croire les spécialistes, l?interdiction de l?importation des boissons alcoolisées entraînera, à brève échéance, l?interdiction de la production locale, et ce, en vertu des clauses contenues dans l?accord d?adhésion de l?Algérie à l?OMC. Autrement dit, tant que l?adhésion à l?OMC n?a pas été entérinée, l?Algérie peut se permettre de ne pas importer les vins et liqueurs tout en maintenant sa production locale. L?OMC obligerait les pays qui rejettent un produit particulier à présenter un justificatif pour appuyer le rejet, en invoquant la raison sécuritaire, sanitaire ou morale. Opter pour l?une de ces raisons conduirait donc à admettre que le produit local équivalent présente les mêmes inconvénients, d?où la nécessité de l?interdire. Or l?interdiction, à n?en pas douter, aura pour conséquence de stimuler le marché noir des boissons alcoolisées, d?où l?inutilité de cette décision sans compter les conséquences désastreuses que cela ne manquera pas d?induire sur le tourisme, ce qui placera l?Algérie à la remorque de ses voisins tunisien et marocain. Le second dossier, relatif à l?importation des véhicules touristiques de moins de trois ans, a suscité le mécontentement des concessionnaires algériens de l?automobile autour desquels pourrait s?organiser la future industrie algérienne dans ce secteur. Les raisons invoquées par l?APN, «le prix des véhicules d?occasion correspond au pouvoir d'achat des personnes au revenu moyen en l'absence d'une production locale de ce genre de véhicules», semblent paradoxalement pénaliser le système de la concession qui contribue à l?amélioration de l?offre en matière de véhicules neufs. Les concessionnaires réfutent l?argumentation de l?APN et soutiennent que les véhicules d?occasion reviennent plus cher que les véhicules neufs. La critique n?est pas sans fondement, puisque ceux qui acquièrent ce type de voitures doivent faire face à des dépenses tels le déplacement à l?étranger, les taxes douanières et le transport. Sans oublier que nombre de ces véhicules, objets d?un large trafic outre-Méditerranée, ne sont pas conformes aux normes de sécurité. Enfin au chapitre des livres, là aussi, il y a beaucoup de mécontents. Les éditeurs algériens sont montés au créneau pour dénoncer le point relatif à l?importation de livres. Ladite loi prévoit «l'exonération des droits et taxes de douanes pour les livres scolaires et universitaires, de formation professionnelle, artistique et d'apprentissage, les revues scientifiques, techniques et les dictionnaires et encyclopédies ainsi que les livres pour enfants». Cette mesure, si elle venait à être approuvée par le Sénat, programmerait la mise à mort de l?édition algérienne, soulignent les éditeurs. Surtout lorsqu?on sait que le manuel scolaire est le moteur de toute édition digne de ce nom. Certes, nombre d?observateurs admettent le fait que la mesure présente un bon côté, celui de mettre le livre à la portée du plus grand nombre et, par voie de conséquence, la lecture s?en trouverait stimulée. Mais les éditeurs algériens ne l?entendent pas de cette oreille et ils ressentent d?autant plus l?injustice qu?ils s?apprêtent à préparer un événement capital : les premières assises du livre.