Portrait n Elle est née et a grandi en Arabie avant que sa tribu n'émigre au Maghreb. C'est ainsi que le poète de la tradition maghrébine la chante par les longues soirées d'hiver dans le désert, sous la tente, quand le vent souffle dehors : Dans le campement réside la jeune femme aux yeux noirs. En notre pays, il n'est point de pareille,Ses cheveux sont semblables à la nuit qui baisse ses voiles Et ses joues ont l'éclat des bougies Sa silhouette est un cyprès ruisselant de pluie Dans un jardin à l'entrée consignée Les traits de sa beauté sont ceux de la gazelle Sa splendeur est comparable à la lune qui se lève Revêtue de voiles légers et somptueux... La belle aux yeux noirs est la belle Djazia ou Zazya, selon la prononciation bédouine. Elle est née et a grandi en Arabie, mais c'est au Maghreb, le pays des Berbères, qu'elle va vivre les aventures les plus palpitantes...Mais avant de parler de Djazia et de ses amours maghrébines, il est bon de situer Djazia dans son contexte pour démêler l'écheveau, faire la part de l'histoire et de la légende. En ce milieu du Xe siècle de l'ère chrétienne, règne au Maghreb la dynastie chi'ite des Fatimides. Issus du mouvement chi'ite ismaélien, les Fatimides étaient d'abord établis en Syrie du Nord d'où ils envoyaient des missionnaires dans toutes les directions du monde musulman. C'est ainsi que l'un de leurs da'i ou prédicateur, Abû Abd Allah al ch'ii a été dépêché pour prêcher au Maghreb où, appuyé par la puissante tribu berbère des Kutama, il a pu fonder un royaume. Mais la dynastie sera tout le temps confrontée aux révoltes des tribus berbères hostiles à la domination étrangère. Les souverains fatimides seront obligés de s'allier à des princes berbères, c'est ainsi qu'al Qa'im parviendra à s'attacher le prince berbère Bologhine Ibn Ziri, qui le tirera plus d'une fois d'affaires. Bologhine reconnaissait la suzeraineté des Fatimides et il régnait en leur nom. Mais le fils d'al Qa'im, al Mu'izz, lassé du Maghreb, décide de s'installer en Egypte où il va fonder Le Caire. Il garde des liens avec Bologhine, puis son successeur al Mansur. Mais les souverains zirides, voulant prendre leur indépendance, rompent avec les Fatimides, refusant de leur faire allégeance et de leur payer l'impôt.. Les Fatimides, voulant se venger, lâchent contre le Maghreb les bandes de nomades arabes, venus d'Orient qui, après avoir écumé l'Egypte et la Libye, arrivent aux portes de l'Ifriqiya, c'est-à-dire la Tunisie et l'est de l'Algérie, qui faisaient partie du royaume ziride. Mais avant d'arriver en pays berbères, les Hilaliens ont fait une longue marche, laissant partout des traces de leur passage (à suivre...)