Résumé de la 39e partie n Une autre version de l'histoire de Djazia et de Dhiyâb est rapportée par des Berbères qui possèdent, eux aussi, leur cycle de l'épopée. Le cycle de Djazia continue, à l'infini... Dans d'autres récits, le Berbère Ben Ali Chérif ne s'appelle pas ainsi mais Khlifa al Zénati. Il aime passionnément Djazia et l'enlève. Mais sa tribu finit toujours par la reprendre et sa destinée se croise avec celle de Dhiyâb, qu'elle a toujours aimé... Si dans certains récits, elle finit par s'unir au jeune homme, dans d'autres, elle est à chaque fois cédée, au cours de marchés et de traités d'alliance que la tribu passe avec d'autres tribus. C'est que Djazia est la plus grande richesse de la tribu et celle-ci n'hésite pas à l'utiliser comme monnaie d'échange... Tous les récits que nous avons rapportés sont d'origine arabe. Il nous a paru intéressant, pour fermer ce cycle, de rapporter une version berbère de l'épopée de Djazia et de Dhiyâb. Une belle histoire d'amour, plus belle même que celles que nous avons racontées, et que le Français Vayssière a recueillie, au XIXe siècle chez les Ouled Rachaïch, une tribu chaouia originaire des Aurès... Ici, pas de rivalités ni de combats entre les Banû Hilâl et les Zénètes : l'histoire se déroule dans le camp arabe, qui nomadise aux abords du désert, et où vivent côte à côte Djazia et Dhiyâb. Djazia est une fille merveilleusement belle. Elle a le teint halé des bédouines, un visage rond aux traits fins, de grands yeux marron, aux reflets dorés, une bouche gourmande, une longue chevelure qu'elle dissimule derrière un voile léger, une taille de gazelle... Dhiyâb est également beau : brun, la taille élancée, les yeux noirs, pétillant d'intelligence, le front haut... Ils pourraient faire un beau couple... Dhiyâb, depuis l'adolescence, est épris de Djazia, mais Djazia, qui se fait belle et qui est désirée par tous les garçons de son camp, n'a pas encore choisi celui qui sera son amant... elle a le temps et les prétendants, tous plus beaux les uns que les autres, tous plus vaillants, sont nombreux... Djazia est, dans ce cycle, la fille de Serkane, le plus riche homme de la tribu : il possède plusieurs tentes, des troupeaux de chameaux et de moutons... il est considéré et respecté de tous. Dhiyâb, lui, est le fils de Ben Ghanem, qui a été également, autrefois, un homme considéré. Mais Ben Ghanem est mort et n'a laissé à son fils qu'un troupeau de quarante brebis et un bélier. Chaque jour, le jeune homme emmène son troupeau paître. Le soir, il trait les brebis et se nourrit de leur lait. Il renferme ensuite ses bêtes dans l'enclos et va dormir sous sa tente. Il pense beaucoup à Djazia mais il n'ose espérer la posséder un jour : la jeune fille est riche et il n'est qu'un pauvre orphelin.... Djazia, elle, l'ignore. Elle ne le remarque même pas, quand, le matin, il pousse devant lui son troupeau (à suivre...)