Au moment où des centaines de jeunes «harragas» risquent leur vie pour arriver sous d'autres cieux et découvrir l'eldorado tant rêvé, beaucoup de nos émigrés font le chemin inverse en revenant définitivement en Algérie. Cette tendance, relativement récente, est confirmée par les chiffres. Plus de 20 000 sont rentrés depuis l'an 2000, «un chiffre relativement minime comparé aux centaines de milliers d'Algériens qui vivent actuellement à l'étranger, mais c'est tout de même très symbolique», commente Abdelkader Lakjaâ, auteur d'une étude sur ce nouveau phénomène. «Mohamed prends ta valise !», disait Kateb Yacine dans l'un de ses ouvrages pour décrire la réalité et la situation des Algériens en France où ils étaient indésirables. Mais cette réalité d'un autre temps (sous l'occupation), où les Algériens étaient poussés vers la sortie car indésirables, en France en particulier, a changé aujourd'hui. Rentrer au bercail semble être ainsi devenu un choix motivé par plusieurs facteurs. Beaucoup ne vont pas le croire, mais selon cette étude, présentée récemment lors d'un colloque sur l'émigration, la nostalgie du pays des ancêtres reste la première cause du retour de ces milliers d'expatriés. L'ouverture économique de l'Algérie constitue aussi un autre facteur, car beaucoup d'émigrés reviennent pour investir dans des créneaux qu'ils croient rentables et bénéfiques, ayant déjà l'argent et l'expérience. Parallèlement à ce phénomène, un autre commence à prendre de l'ampleur : beaucoup de jeunes diplômés algériens vont proposer leur «matière grise» dans d'autres pays classiquement réservés aux Américains ou aux Asiatiques (Indiens, Pakistanais, Bangladais…). Ils émigrent désormais dans les pays du Golfe en particulier mais aussi aux USA, au Canada…