Mémoire Titma, Reinette l?Oranaise, Fadéla Dziria autant de noms de femmes qui ont chanté l?andalou et dont on ne parle encore que très peu. «La place de la femme dans la musique andalouse» était le sujet de la conférence donnée dimanche dernier à la Bibliothèque nationale du Hamma, par la diva de la musique andalouse Bahdja Rahal. Présentée par le directeur de la bibliothèque à un public fin connaisseur, dont, entre autres, Son Excellence l?ambassadeur des Etats-Unis, Amine Zaoui dira : «Si la bibliothèque a l?habitude d?organiser en son enceinte des cafés littéraires et philosophiques, ce soir on y parlera de musique en accueillant Bahdja Rahal, qui chante et qui travaille la musique andalouse, pour parler de son expérience et de l?image de la femme dans cette musique». La chanteuse prendra par la suite la parole en présence de ses deux musiciens, Tarik Hammouche à la kouitra et Nadji Hammou au oûd. Elle donnera un bref aperçu historique de quelques figures emblématiques féminines arabes qui ont marqué leur temps par leur cogito dont entre autres Aïcha la fille d?Abu Bakr et troisième épouse du Prophète Mohammed (Qsssl), puis elle enchaînera avec la musique andalouse en tant qu?interprète et musicienne. A ce propos, Bahdja Rahal fera remarquer que la musique andalouse a pour origine la terre des Abbassides, l?Irak, d?où elle a été transmise au Maghreb. Là, elle s?est acclimatée à cette nouvelle terre pour donner naissance à l?art maghrébo-andalou qui a pris forme et s?est cristallisé aboutissant à cette musique. S?intéressant à l?andalou algérien, la chanteuse dira que ce genre s?est spécialisé selon les régions pour donner du gharnati à Tlemcen, du malouf à Constantine et de la sanaâ à Alger. Parlant toujours de cette musique, Bahdja Rahal citera les sept modes musicaux qui la régissent, et pour mieux les définir, elle sollicitera les musiciens et les accompagnera de sa voix mélodieuse sur ces modes notamment le djerka, le maya, le sika et le mezmoum pratiqués avec le son aigu de la kouitra et le zidane, l?aârak et le maoul exercés sur les cordes plutôt graves et mélancoliques du oûd à la joie des mélomanes. Revenant sur l?histoire de cette musique classique algérienne, la chanteuse parlera également d?illustres chanteuses algériennes de l?andalou dont Maâlma Yamna, Titma, Soltana Daoud dit Reinette l?Oranaise ou encore Fadéla Dziria pour ne citer que celles-là dont le talent est indiscutable, mais qui n?ont jamais enregistré de nouba (composition complète vocale et musicale). Car, fera-t-elle remarquer, la femme algérienne, avant l?indépendance, n?avait pas accès à l?espace public, son chant était cantonné à un milieu privé, restreint. Cependant, à l?indépendance, ce comportement s?est modifié puisque, dira-t-elle, la scolarisation des enfants et leur éducation ont permis de découvrir des talents masculins et féminins. Ainsi vingt ans plus tard, des associations artistiques ont organisé des concerts où s?exprimaient ces talents. Actuellement, notera Bahdja Rahal, ce sont des individualités qui assurent ces concerts et permettent aux femmes de réaliser pleinement une nouba. Evoquant son parcours personnel en tant que rare chanteuse de nouba, elle dira comment elle a pu se faire mieux connaître par son public algérien en organisant notamment des conférences de presse et elle parlera également de son expérience en tant que chanteuse en Europe où l?album est découvert par voie de presse. Est-ce à dire que la communication algérienne demeure insuffisante ? L?artiste conclura sa conférence par un récital musical très agréable.