Résumé de la 4e partie n Astucieux, le maître voleur arriva à neutraliser tous les soldats en les enivrant. Restait le dernier, celui qui était sur le dos de la bête. Il le prit et l'attacha sur la grosse barre de séparation entre les stalles. Détacher le cheval, ensuite, ne lui demanda qu'un instant ; mais s'il l'avait enfourché pour traverser la cour et son dallage, le galop aurait été entendu du château. Alors il enveloppa soigneusement de chiffons les sabots du cheval, le mena prudemment à la main jusqu'à la porte extérieure, et une fois là, sauta en selle et partit au triple galop. Enfourchant ce cheval, le maître voleur s'en revint au château après le lever du jour. Le comte sortait du lit et s'était mis à la fenêtre. — Bonjour, monsieur le comte, lui cria-t-il, je vous ramène votre cheval, que j'ai eu le bonheur de sortir de son écurie. Vous pouvez voir vous-même comme vos soldats sont gentiment allongés et comme ils dorment bien ! Si vous voulez vous en donner la peine, venez constater à l'écurie le doux confort que se sont donné vos gardiens. Le comte ne put s'empêcher de rire à ces mots — Bon, dit-il, le premier coup tu l'as réussi ; mais ta seconde opération est loin d'être aussi facile ! Et je t'avertis : si je te rencontre comme un voleur, c'est en voleur que je te traiterai. Le soir, quand la comtesse alla se coucher, elle serra bien sa main sur l'anneau de mariage, cependant que le comte disait : «Toutes les portes sont fermées et verrouillées, mais je reste éveillé pour attendre le voleur ; si jamais il veut entrer en passant par la fenêtre, je tire et je l'abats.» Le maître voleur, de son côté, était allé au gibet couper la corde d'un pendu, qu'il chargea sur son dos jusqu'au château. Arrivé là, il plaça une échelle sous la fenêtre de la chambre à coucher, reprit le mort sur ses épaules et grimpa, en prenant soin de s'arrêter dès que la tête du mort fut au niveau de la fenêtre. Le comte, qui veillait dans son lit, braqua son pistolet et fit feu dès qu'il vit la tête apparaître, sur quoi le maître voleur laissa tomber son mort du haut de l'échelle, redescendit et courut lui-même se cacher dans un coin. La nuit était assez claire, grâce à la lune, pour que le maître voleur, de sa cachette, pût voir le comte enjamber le rebord de sa fenêtre, puis descendre par l'échelle, traîner le mort jusque dans le jardin où il se mit à creuser une fosse pour l'y enterrer. «C'est le moment !», se dit le maître voleur qui se glissa sans un bruit jusqu'à l'échelle et monta rapidement à la hauteur de la fenêtre, toujours ouverte. (à suivre...)