Curiosité n Guendouzia est devenue l'intérêt de tout le village. Son mystère: son physique, mais aussi son humour et sa gaieté. La petite Guendouzia Hadj Cherif est, ces derniers temps, le sujet de discussion des habitants de toute la wilaya de Tiaret. La petite, âgée aujourd'hui de dix ans, aurait pu être une élève de quatrième ou cinquième année primaire, malheureusement cela est resté du domaine du rêve pour elle. Rares sont ceux qui ont vu la «gamine» se rendre chez un pédiatre de la ville, mais nombreux sont ceux qui, s'appuyant sur le ouï-dire, bâtissent des histoires parfois farfelues sur la petite Guendouzia, âgée de dix ans mais ressemble à un nourrisson qui vient tout juste de boucler ses deux ans. La petite a laissé «cois», ceux qui l'ont entendue parler comme une adulte, eux qui la croyaient encore au stade du balbutiement. Guendouzia, issue d'un mariage consanguin, a pesé, à la naissance, le poids d'une patate et sa taille ne dépassait pas la longueur d'une paume de main. Fière de Guendouzia, sa mère qui la tient serrée contre elle, raconte que sa fille est née après huit grossesses qui se sont toutes soldées par des avortements forcés. Esquissant un sourire à sa fille, elle dira : «Guendouzia est sage et se porte bien. Elle tombe très rarement malade ou du moins comme tous les enfants de son âge qui peuvent être sujets à une grippe, une diarrhée ou une angine. La famille Hadj Cherif qui vit dans de conditions modestes dans une habitation précaire qui ressemble aux autres maisons du village de M'ziraa, commune de Madna (une localité située à 120 km à l'extrême Ouest de la wilaya de Tiaret) s'est résignée quand le pédiatre Khaled Makhloufi leur a affirmé que sa petite n'allait plus grandir. «Une année après sa naissance, le médecin avait diagnostiqué une maladie qui affectait les gènes de développement. Un mal qu'il n'avait jamais rencontré ni dans sa longue vie professionnelle, ni dans les manuels qu'il avait consultés et dont il n'avait pas entendu parler lors des colloques et des séminaires auxquels il avait participé», avouera Mme Hadj Cherif. Abondant dans le même sens, le Dr Mohamed Chikhi, un pédiatre installé dans la région, a indiqué qu'il avait ausculté la petite Guendouzia qui présente une maladie qui empêche tout développement de sa taille. «Elle est âgée de dix ans et pourtant sa taille ne dépasse pas les 43 cm ce qui lui donne, avec son poids très faible, l'apparence d'un bébé âgé tout juste de deux ans.» Malgré la pauvreté dans laquelle vivent ses parents — le père chômeur et la mère femme au foyer — Guendouzia qui ne se nourrit que de pain et de café au lait, trouve un malin plaisir à inviter tous ceux qui viennent lui rendre visite, à rester à la maison pour manger un plat de frites et un poulet rôti, et boire une limonade. Guendouzia qui rêve d'accompagner un jour, à l'école sa petite voisine, est très intelligente. Elle connaît les noms de tous les héros des feuilletons doublés programmés les après-midi à la télévision. Avec le temps, la petite fille «naine» s'est fait des amis parmi les voisins, les gens du village et les membres de la brigade médicale mobile qui viennent lui rendre visite, discuter avec elle avant de remettre à ses parents des vêtements et des médicaments.