Il y a de quoi s'inquiéter quand on voit que l'Algérie est en passe de devenir un pays entièrement importateur. A titre d'illustration, en 2006, nos exportations, hors hydrocarbures, n'ont pas dépassé 1 milliard cent millions de dollars. C'est un tableau plutôt noir du niveau des exportations algériennes qu'a dressé le DG d'Algex (Agence algérienne de promotion de commerce extérieur), Mohamed Ben Yenni, qui s'exprimait ce matin sur les ondes de la chaîne III. «L'accord d'association avec l'Union européenne ainsi que l'adhésion à l'OMC vont aboutir à une ouverture plus grande de notre économie. C'est-à-dire un accès plus grand des produits étrangers à notre marché. Ce qui ne facilitera pas du tout la tâche de nos producteurs nationaux qui ont absolument un défi majeur à relever, celui de survivre déjà, en tant qu'entreprise et continuer à produire et à se mettre à niveau», a expliqué M. Ben Yenni. Les chiffres sont éloquents. L'année dernière, L'Algérie n'a exporté, hors hydrocarbures, que pour un milliard cent millions de dollars contre 25 milliards d'importations. Même les produits exportés sont d'abord des dérivés des hydrocarbures (50%) et les 50% restants sont des produits ferreux. Cette situation est due, selon le DG d'Algex, à la politique suivie par les pouvoirs publics mais aussi par les entreprises depuis des décennies. «Notre économie n'a pas de vocation exportatrice, du fait de son orientation au départ, de la satisfaction des besoins internes», a-t-il souligné, ajoutant qu'aujourd'hui la situation commence à changer car «nous sommes dans un autre contexte. Il n'y a plus de monopole de l'Etat sur le commerce extérieur. Mais malheureusement la priorité a été donnée exclusivement à l'importation, au risque de devenir un pays entièrement importateur», a-t-il analysé. La solution, selon lui, c'est d'abord encourager l'investissement étranger à travers le partenariat pour profiter du savoir-faire des autres et ainsi fonder une industrie basée sur la performance. M. Ben Yenni a aussi soulevé le poids des contraintes administratives dans le blocage de toute promotion et facilitation des exportations. Cette situation alarmante n'est cependant pas désespérée selon M. Ben Yenni, car, pour lui, les potentialités d'exportation sont grandes, à condition de remettre à niveau les entreprises nationales. Il a ainsi donné des exemples de quelques boîtes privées qui ont pu pénétrer certains marchés européens avec des produits 100% algériens.