Il y a parfois de ces situations qui laissent songeur et où l?absurde se le dispute au stupide. Il arrive que, à la suite d?abus, de négligences et d?une mauvaise appréciation des pouvoirs publics, des situations s?enveniment, des grèves spontanées paralysent des secteurs entiers de la vie nationale qui dégénèrent souvent en catastrophes. Et au moment où il devient vital, de part et d?autre, de trouver des terrains d?entente, c?est généralement la démarche contraire qui est adoptée, où l?intransigeance se le dispute à l?obstination. Au détriment de la multitude. Toujours ! L?actuelle grève des enseignants du secondaire et du technique en est déjà à sa sixième semaine. En fait, on peut même considérer que l?année scolaire n?a pas vraiment commencé et que l?année blanche guette déjà. L?année dernière, si tant est qu?à quelque chose malheur est bon, les cours ont repris in extremis, juste après le séisme du 21 mai, par correction et par solidarité de la part des enseignants grévistes. Benbouzid, l?inamovible ministre de l?Education nationale, a été, en quelque sorte, sauvé par le gong. Le désormais puissant et incontournable Cnapest avait fait part de sa détermination à faire aboutir le mouvement de grève vers la satisfaction de toutes les revendications. Au détriment, faut-il le rappeler, de la scolarité de nos enfants qui n?avaient vraiment pas besoin d?une catastrophe supplémentaire. Pourtant, malgré la gravité du problème et sa répercussion prévisible sur la situation générale de l?enseignement, tout particulièrement sur le bac, les pouvoirs publics ne se montrent nullement empressés de s?y investir. Ministre en tête, ils répondent aux enseignants par le mépris et l?arrogance. Pourtant, tout le monde s?accorde à reconnaître la légitimité de leurs revendications et la grande patience dont ils ont fait preuve jusqu?à ce jour. Ce corps d?élite sociale, qui a la charge de former nos enfants, mérite vraiment plus de respect et de considération. Sa tutelle serait plus avisée d?engager plutôt une réflexion plus sérieuse de formation et de mise à niveau des enseignants, d?améliorer leurs conditions de travail, de les réhabiliter dans l?échelle sociale au rang qui leur est dû et de les rémunérer en fonction de leur mérite et du rôle éminent qu?ils remplissent. Quant à leur représentativité, nul ne doit ni ne peut s?arroger le droit de leur dénier de ne plus vouloir de l?Ugta et de créer leur propre syndicat. C?est là d?ailleurs un cheminement des plus logiques et qui finira par toucher d?autres secteurs. Le refus du ministre du Travail d?agréer le Cnapest ne retardera en rien une démarche inéluctable.