Le ministre de l'Education nationale et le gouvernement sont les seuls responsables de la crise qui secoue l'école. Ils nient un droit syndical, quitte à foutre en l'air l'avenir des élèves. Benbouzid va finir par fermer l'école. Les deux syndicats des enseignants qui paralysent le secteur depuis presque deux mois, ne décolèrent pas. La Coordination des lycées d'Alger est revenue bredouille, hier, du ministère de l'Education nationale où elle a été reçue par le conseiller de Benbouzid, Abdelkader Khaldi. Le collectif des enseignants de la capitale, qui a vu ses revendications rejetées, a programmé une assemblée générale pour mercredi prochain, afin de discuter des suites à donner au refus de la tutelle. Le Cnapest a cru bon de lâcher un peu du lest pour ouvrir les portes de la négociation en posant juste le préalable de sa reconnaissance verbale en tant que partenaire social à part entière. Rien n'y fit. Le ministre de l'Education dit non et le syndicat des enseignants n'a pas tardé à lui fournir sa réponse. Il a reconduit la grève à partir de samedi prochain. L'année blanche, qui se profilait à l'horizon depuis quelque temps déjà, risque de devenir une réalité si le gouvernement ne prend pas en charge, rapidement, la crise qui secoue l'école. L'avenir des élèves est plus que jamais compromis et l'irréparable peut se produire quand il n'y aura plus de possibilité de rattraper le temps perdu. Il est clair que la responsabilité politique de cette situation incombe entièrement au pouvoir qui a préféré ériger la manipulation en mode de gouvernance et de gestion des conflits socioprofessionnels. En appelant la FNTE qui s'avère un syndicat sans aucune prise sur le cours des événements, et dont l'appel à la reprise des cours n'a pas été suivi, une preuve de son inconsistance, le ministre de l'Education nationale n'a fait qu'aggraver la situation. Il a tourné le dos aux vrais interlocuteurs représentés par le Cnapest et le CLA et a préféré s'asseoir à la table de la négociation avec une organisation syndicale qui, pourtant, n'avait rien revendiqué. Outre les revendications portant sur les salaires, Benbouzid a oublié que les enseignants avaient aussi une dignité à défendre et un droit légitime à arracher, celui de s'organiser en syndicat. Beaucoup s'élèvent aujourd'hui pour dire que les enseignants grévistes ont une lourde responsabilité quant à l'avenir de nos enfants, mais celle du gouvernement est encore plus importante. Le Cnapest est allé jusqu'à faire appel au président de la République pour qu'il intervienne face à l'immobilisme de ses ministres, de l'Education nationale et du travail. L'interpellation n'a, cependant, pas eu l'écho escompté. Benbouzid pousse la menace plus loin. Il lance un ultimatum aux enseignants pour qu'ils reprennent le travail samedi prochain, sinon ils risquent la radiation et seront remplacés par des diplômés universitaires. Les parents d'élèves ont toutes les raisons de s'inquiéter sur l'avenir de leurs enfants. Ameur Yahia Salah, président des UPWA, a, dans une conférence de presse, organisée hier au siège de l'association, appelé les enseignants à suspendre le mouvement de grève après l'Aïd. C'est l'année blanche qui fait peur aux parents. Faisant bien la part des choses, le conférencier affirme le fait qu'on bloque l'agrément à un syndicat alors qu'il existe de fait sur le terrain. Ce parent d'élève touche du doigt, en fait, le fond du problème. Le Cnapest et le Cla ont, effectivement, paralysé l'école. Ce serait alors une erreur de ne pas les reconnaître. D'où l'entière responsabilité du ministre de l'Education et de tout le gouvernement dans la situation que viventt nos établissements scolaires sur lesquels pèse la menace grandissante d'une année blanche. Sous d'autres cieux, un ministre dépose sa démission quand il ne se sent plus capable de résoudre un conflit comme celui que connaît l'école algérienne depuis deux mois. S. R.