Plus qu'un sacre sportif n Une victoire sur le sort qui s'acharne depuis quatre ans sur ce pays et cette guerre fratricide interminable. En décrochant son premier titre de champion d'Asie, après son succès sur l'Arabie saoudite en finale (1 à 0), l'Irak crée la sensation. Hier, l'événement était de taille et toutes les chaînes du monde entier passaient l'info et les images en boucle, celles d'un pays meurtri par la guerre et le chaos, mais pour une fois uni autour de son équipe de football qui a créé l'exploit à Djakarta en battant l'Arabie saoudite en finale (1 à 0). L'unique but de la partie a été l'œuvre du capitaine, meilleur buteur de la compétition (4 buts) et vedette de son équipe Mahmoud Younès qui, grâce à un joli coup de tête au second poteau (71') sur un corner de Mohamed Hawar, a plongé tout un pays dans l'allégresse. Baghdad, ville meurtrie, retenant son souffle et soumise à un énième couvre-feu, n'a pas pu s'empêcher de saluer la performance de la sélection entraînée par le Brésilien Jorvan Veira qui a permis à l'Irak de conquérir son premier titre continental sous les yeux ravis de Joseph Sepp Blatter, président de la FIFA, qui ne demandait pas mieux pour prouver que le football n'avait pas de frontière et pouvait surmonter tous les obstacles. Et dire que les meilleures performances de l'Irak, un véritable pays de football, remontent à 1986 et une participation à la Coupe du monde au Mexique avec une élimination au premier tour, et, récemment, à 2004 avec une quatrième place aux Jeux Olympiques d'Athènes. La victoire de l'Irak est plus que significative, elle constitue un défi à tous les semeurs de la mort, et le football en a déjà payé son lot. Mercredi dernier, au moment où des jeunes Baghdadis sortaient dans les rues pour fêter la qualification de leur sélection en finale, deux voitures piégées éclatèrent emportant avec elles une cinquantaine de personnes. D'autres innocents à rajouter à la longue liste des martyrs de ce pays que le football a réussi à unir le temps d'une compétition asiatique très relevée et dont le sacre final a une forte portée symbolique.