Dégradation n La piscine est fermée sans explication, la plage de Matarès n'attire les foules qu'au moment du zénith. Des détritus à proximité du complexe agressent les narines des passagers. C'est le complexe touristique le plus connu de la côte algéroise. Son histoire commence au début de 1971 lorsque Fernand Pouillon architecte et urbaniste fort connu mondialement aménagea dans une partie des ruines romaines de Tipaza, deux grands hôtels et 42 villas avoisinantes. Les travaux durèrent trois années. A l'époque, l'Algérie qui embrassait le socialisme avait besoin de montrer aux nations du monde qu'elle avait des richesses touristiques tout aussi importantes que le pétrole. Le grand complexe fut confié pour sa gestion au célèbre Club Med qui assurait une gestion sans faille avec une certaine tendance à un tourisme sélect. Les personnes «bon chic bon genre» fréquentaient ce complexe et y résidaient parfois tout l'été. Feu Boumediene portait un intérêt particulier à ce complexe, selon le témoignage de l'archéologue Abderahmane Khelifa qui souligne à ce propos que «le président Boumediene alerté sur la destruction du site Matarès, s'est rendu sur les lieux pour arrêter certains travaux où des chalets se faisaient construire sur les mosaïques du site». Peu à peu, on autorisa l'accès au public de toutes les franges de la société au bonheur des Algériens qui découvraient le luxe, les vertus de la piscine haut de gamme et les belles soirées des étés chauds. Alors qu'en est-il aujourd'hui ? Le complexe arrive tant bien que mal à faire recettes. Pendant les derniers jeux africains, les délégations du continent noir ont baigné dans une ambiance plutôt calme. Sur les lieux, le constat est fait que la piscine est fermée sans explication. La plage de Matarès bien nettoyée n'attire les foules qu'au zénith. Des détritus à proximité du complexe gênent les narines des passagers. D'autant qu'un oued aux odeurs nauséabondes complète ce décor anarchique qui rappelle la défaillance d'une gestion des plages. A l'hôtel la Baie, seul un réceptionniste est aux commandes. Un touriste étranger visiblement européen se plaint en anglais «de l'absence de savon et de serviettes dans sa chambre». Le jeune de la réception fait mine d'arranger ce «pépin» en téléphonant sans doute à la lingerie. Ce dernier nous communique les prix d'un air désinvolte en affichant plutôt une mine désabusée. Pour une chambre individuelle, il faut débourser 2 727 DA, alors pour une chambre double, il faut payer 4 400 DA avec un petit-déjeuner. Le problème est qu'il n'y a pas d'air conditionné dans les chambres, ce qui suppose que le locataire doit ramener son propre ventilateur. Pour les villas, on affiche complet et l'on ne saura rien sur cette clientèle probablement aisée puisque le directeur se refusera au moindre commentaire.