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Les complexes et les établissements touristiques algériens en mal d'estivants
à quelques semaines de la rentrée sociale et du Ramadhan
Publié dans La Tribune le 06 - 08 - 2008

Pour cette année, la saison estivale est écourtée, malgré la position géographique de l'Algérie qui permet aux vacanciers de profiter pleinement des plaisirs de la mer grâce à un climat propice, le temps ensoleillé s'étalant du mois de mai au mois d'octobre. Et pour cause, le mois sacré du ramadhan et la rentrée scolaire, prévue le 13 septembre, arrivent en même temps avec leurs obligations matérielles. De ce fait, les complexes et établissements touristiques se retrouvent à moitié vides depuis début d'août. Le constat est établi particulièrement au niveau de deux infrastructures : le complexe touristique de Matarès (Tipasa) et l'hôtel Riad de Sidi Fredj (Alger).
Matarès va mieux
Situé à la sortie de la ville de Tipasa (70 km d'Alger), le complexe touristique de Matarès a été inauguré le 3 juillet 1971. A 10h30, un dimanche d'août, les lieux ne semblent pas connaître de surpeuplement. Dès l'entrée, une affiche fixe les tarifs d'accès : 20 DA pour les piétons, 200 DA pour les véhicules particuliers et entre 400 et 600 DA pour les transports collectifs. Des agents veillent au grain devant le portail d'accès. A l'intérieur, sous un soleil de plomb, à l'exception de quatre jeunes garçons se renvoyant la balle à l'intérieur d'un des quatre terrains de tennis disponibles, il n'y a pas foule. Les espaces verts assez bien entretenus et les allées propres redonnent un nouveau visage au complexe, jadis, de réputation médiocre. «Les lieux ont connu une rénovation importante. Déjà, en 2005, lors du sommet arabe tenu en Algérie. A cet effet, l'hôtel la Baie a été rénové à 100%. Et depuis, des améliorations sur le sites sont opérées avant chaque saison estivale» informe Fekir Rachid, artiste peintre et responsable des ressources humaines du complexe, désigné par le directeur du complexe M. Aiache, pour nous faire visiter le site.
Conçu par l'architecte français Pouillon, le complexe de Matarès comprend deux hôtels : La Baie et la Résidence ainsi qu'une quarantaine de villas. La première structure d'accueil (hôtel la Baie) compte plus de 90 chambres. A l'entrée, plusieurs commerces d'alimentation générale, tabac et journaux, matériel de plage et une pizzeria ouvrent la voie vers le hall central. Un agent, souriant, interrompt sa conversation téléphonique pour s'enquérir de notre présence. L'hôtel ne donne pas l'impression d'être plein. Quelques personnes sont attablées sur la terrasse de la cafétéria dont la salle intérieure est vide. Est-ce l'heure matinale ou le manque de clients qui sont derrière ce calme plat ? A quelques pas du sable fin de la plage, seules trois tables sont occupées respectivement par une mère et sa fille, une jeune femme et deux jeunes gens, sirotant des cafés. Un esquimau, un café, une petite bouteille d'eau et une autre de jus nous revient à 180 DA. Trop cher par rapport au café du coin à Alger, mais très abordable pour un site touristique. L'accès à une plage peu peuplée, d'apparence propre et bien ordonnée sous le regard de gendarmes installés en retrait par rapport aux estivants et la surveillance des agents de la plage au service du complexe, se fait par le salon de thé. Sur une pancarte bien en évidence est écrit en gras : «Parasol gratuit.» «C'est pour dissuader toute personne de racketter les clients. Ces derniers, par le fait qu'ils soient locataires dans l'hôtel, ont droit à un accès gratuit à la plage», explique M. Fekir.
Hôtel La Baie, propre mais basique
Sans présenter l'aspect d'un établissement luxueux, l'hôtel La Baie est d'apparence propre et le hall central bien aéré. On laisse passer trois femmes, dont la physionomie fait penser à trois générations d'une même famille, pour accéder aux chambres. Les couloirs rappellent inexorablement le film les Vacances de l'Inspecteur Tahar , la fameuse chambre 106 en tête. A notre désillusion, M. Fekir nous mène vers l'autre pavillon, on entre dans la chambre 109, côté plage. Passable, mais pas rebutante. Propre et nette mais sans grande imagination. Dans la salle de bains dotée d'une baignoire, l'eau «coule H24», assure notre guide. «Et quand il n'y a pas d'eau, c'est qu'un problème technique est survenu. Le rétablissement est rapide», poursuit-il. S'agissant des tarifs, il faut savoir qu'une nuitée dans la chambre single coûte 4 000 DA, le prix passe à 6 500 DA pour une pension complète. Pour la chambre double, il faut payer 7 000 DA et ajouter 1 000 autres pour une pension complète. «Nous travaillons surtout avec certaines entreprises conventionnées, les émigrés ou carrément les étrangers», informe M. Fekir. En plus d'une piscine réservée aux locataires de l'hôtel, où jouent une dizaine d'enfants sous la surveillance de leurs mères, deux salles de restauration sont mises à la disposition des clients. «Le pensionnaire reçoit un ticket pour la restauration. Il a le choix entre la salle intérieure, où trois plats lui sont suggérés, l'espace externe du restaurant, réservé aux grillades, ou la pizzeria, à l'entrée», précise-t-il.
Pour ce qui est des tarifs, les plus abordables sont proposés au niveau du deuxième hôtel. «La Résidence», qui compte 300 chambres, affiche 2 500 DA pour les chambres simples et 4 500 pour les chambres doubles. «Ce sont des chambres améliorées. Mais on a des prix plus bas pour les pensionnaires qui désirent apporter leurs commodités (draperie et ustensiles de cuisine) avec eux. Sans pension, la chambre revient à 1 200 DA petit déjeuner non compris et 1 600 avec», informe-t-il avant de poursuivre : «Nous avons également des chambres jumelées à 3 000 DA et des appartements : F2 à 6 000 DA, F3 à 7 000 DA.» S'agissant des activités disponibles sur le site, M. Fekir énumère une piscine, 4 courts de tennis, un terrain de football et des soirées en plein air chaque jour, excepté les vendredis. Interrogé sur le manque de fréquentation des lieux, notre guide explique que cette année la rentrée scolaire et le mois de ramadhan ont fait que les clients interrompent leurs vacances plus tôt que d'habitude. «Mais, malgré cela, les lieux sont occupés à hauteur de 70%. Ce qui n'est pas négligeable. Et ne vous fiez pas au calme actuel, il est encore tôt, et les vacanciers ne se lèvent pas à cette heure-ci. Ils préfèrent faire la grasse matinée.»
L'hôtel Riad, un joyau cédé aux Libanais
Nous quittons Tipasa pour nous diriger vers un autre lieu d'habitude fortement fréquenté par les estivants : Sidi Fredj, avec ses plages, son port de plaisance et ses hôtels en bord de mer. Nous nous arrêtons dans le premier établissement. L'hôtel Riad ouvre son portail sur un parking agréablement délimité par des espaces verts. De nombreux arbres donnent à l'espace une fraîcheur et un calme idoine pour ce genre de lieux. A l'entrée, un jeune agent nous reçoit agréablement. Il faut noter que le personnel des complexes et sites touristiques visités semble avoir prix conscience de l'importance de l'accueil des clients. «Nous avons un personnel majoritairement issu des écoles de formation publiques et privées. En plus, nous effectuons sur place des stages de formation à l'hôtellerie et à la restauration», nous informera plus tard le directeur général de l'hôtel, M. Salhi. S'agissant de la fréquentation, c'est le même constat qu'au complexe de Matarès. Les clients se font rares. «Il y a un manque de fréquentation de l'hôtel cette année. Particulièrement pour les émigrés. Notre clientèle est constituée principalement d'étrangers, d'émigrés et de cadres moyens. Cette années nous n'avons jamais enregistré un taux d'occupation des chambres excédant les 50%», se désole le DG. L'hôtel Riad compte 120 chambres. Les nuitées pour la chambre simple sont à 5 000 DA et pour la chambre double à 6 000 DA. Le repas coûte 1 400 DA en TTC. Pour M. Salhi, l'hôtel est classé 4 étoiles (selon les normes algériennes) et ne mérite guère plus de deux selon les normes internationales. Très affable, M. Salhi, en professionnel du tourisme (plus de 38 ans dans le secteur), nous fait visiter la plage de l'hôtel (accessible à tout le monde), et la piscine. Calme, pas de brouhaha, que des familles et des enfants profitant à fond de la mer malgré le vent. «On fait tout ce qu'on peut pour que l'endroit reste familial.» L'établissement dans son ensemble est plaisant et bien entretenu. Les chambres visitées tout comme celles de l'hôtel La Baie de Matarès sont «potables». Ce qui reste agréable, ce sont les salles de bains, spacieuses et joliment décorées. Le seul problème soulevé par M. Salhi, ce sont les algues qui envahissent la plage régulièrement. «On dépense près de 10 millions de centimes par mois pour le nettoyage de la plage. On ramène un tracteur une fois par semaine pour dégager les saletés et cela coûte 8 000 DA par semaine.»
Notons que l'hôtel Riad a été cédé depuis le 1er juin à des Libanais. Tout en maintenant le personnel de l'établissement dans sa totalité, les nouveaux acquéreurs comptent, selon le DG, commencer les opérations de rénovation totale dès le mois de ramadhan. Une action qui inquiète un employé de l'établissement, craignant une augmentation des tarifs et s'interrogeant sur les délais d'exécution des travaux. «Personne ne sait quand se termineront les travaux.»
S. A.


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