Constat n Rouler pare-choc contre pare-choc est devenu une mode typiquement algérienne avec tous les risques et les désagréments que cela induit, mettent en garde des responsables de la sécurité routière. Une voiture qui refuse intelligemment de coller au pare-choc d'une autre s'appelle le véhicule intelligent. Elle se construit quelque part dans une usine ultramoderne au Japon. Sa sortie est prévue en principe dans… 20 ans. Mais en attendant, c'est le conducteur lui-même qui choisit, à sa guise, sa propre tenue de route. Il y a vingt ans, l'article 15 de l'ancien Code de la route stipulait que l'automobiliste doit impérativement garder une distance de sécurité, obligeant tout contrevenant à payer une amende allant de 800 à 1 500 DA … 20 ans plus tard, cette recommandation vient d'être réactivée par le Centre national de prévention et sécurité routière (Cnprs). «Nous voudrions arriver à inculquer à l'automobiliste l'idée de laisser une marge sécurisante par rapport au véhicule qui le précède. Du coup, il pourra freiner sans le moindre problème et n'encourra donc aucun risque. Même l'engin aura à respirer», a plaidé El-Hachemi Toualbi, directeur général du Cnprs, hier, lors d'une conférence de presse tenue à ce propos à la Salle des conférences de la Maison de la presse Tahar-Djaout. Comment mesure-t-on cette distance? «La vitesse multipliée par trois, divisée par dix !» a rappelé Mohamed Lazouni, responsable de l'association Tarik Essalama, mais tout reste du ressort du conducteur, «seul habilité à choisir la distance qui lui convient», ajoutera-t-il non sans rappeler que «cette mesure a fait ses preuves depuis les années 60 en Allemagne». La distance de sécurité a aussi un avantage de taille : la longévité du véhicule. «Beaucoup de personnes se plaignent de voir leurs voitures pourtant neuves chauffer tout le temps. C'est simple, un véhicule qui marche très près d'un autre est en fait très près d'un foyer de chaleur. Le véhicule absorbe des tonnes de particules et c'est tout le moteur qui va en subir les conséquences», met en garde le même Lazouni, en connaisseur. L'idée sera au centre d'une campagne de sensibilisation qui s'étalera à partir de ce dimanche et jusqu'au 15 septembre. «Rouler pare-choc contre pare- choc est devenu une mode chez nous avec tous les risques et les désagréments que cela implique. Nous avons relevé plusieurs cas de carambolages sur nos routes et c'est à partir de là que nous estimons qu'il faille travailler davantage dans ce sens», a renchéri, pour sa part, le DG du Cnprs devant un parterre de journalistes, d'éléments de la Gendarmerie nationale, de la Protection civile ainsi que ceux de la Sûreté nationale. Y était également conviée, El Baraka, l'Association des handicapés victimes des accidents de la circulation. S'il est vrai que l'infraction du non-respect de la distance de sécurité ne représente que quelque 1 620 délits sur un ensemble de 700 000 infractions du code de la route, comme l'a si bien formulé Mohamed Tatachak, commissaire principal chargé de la sécurité routière à la Dgsn, il n'en demeure pas moins que cela peut être un facteur aggravant. «Un petit accident qui paraît a priori sans gravité peut mener à une véritable hécatombe avec des carambolages qui peuvent impliquer une vingtaine de voitures… avec des blessés et même des morts sans compter la sinistralité que doivent assumer les compagnies d'assurances», a-t-il expliqué devant l'assistance.