Quand le soleil de l'été darde ses rayons, Oran lâche la bride pour croquer la vie à belles dents. Elle oublie ses douleurs, ses peines pour prendre les couleurs d'une saison estivale bigarrée. Depuis des années, depuis que la malédiction a frappé le pays, que le terrorisme a surgi pour faucher des vies, Oran et ses plages sont devenues des havres de paix où on vient se ressourcer, oublier ses drames. Le Annabi, avec ses intonations chantantes, côtoie le Kabyle avec ses inflexions de voix ciselées ou encore le Chaoui avec son timbre typique. Tous se disputent les terrasses de café du Front de mer, de Aïn El-Turck ou encore des Andalouses. Une aubaine pour les commerçants, les hôteliers, les complexes et pour tous ceux qui ont un réduit à louer sur la Corniche. Tous profitent de cette manne tombée du ciel. Tous se mettent à l'heure de la haute saison, le confort et les commodités en moins. A Oran, en été, on roule pare-chocs contre pare-chocs. Les matricules des véhicules renseignent sur la provenance de ces visiteurs qui viennent envahir la ville. Les bungalows des complexes de la Corniche se négocient à 150.000 DA le mois. Les villas des particuliers à 100.000 DA. Même les garages et les carcasses de villas sont loués. Oran s'est juré d'accueillir 18 millions d'estivants cette saison et se plier en quatre pour ouvrir grands ses bras et offrir un air de quiétude à ses visiteurs.