Atouts n Elle est millénaire, majestueuse et… belle. Déconcertante et modeste, Jijel vous fascine dès l'entrée sur son territoire. La ville a été édifiée en 1857-1858, ce qui explique le caractère européen de sa configuration urbaine. Pâtés de maisons en rez-de-chaussée, des ruelles ombragées se coupant à angle droit et se serrant autour d'un littoral aux vertus naturelles encore vierges… Et tout autour s'élèvent des montagnes prolongées par des caps dont «les contours bleutés se confondent avec la pureté du ciel», comme l'a si bien décrite M. Salah bousseloua, historien natif de la région. Mais en cette saison estivale, Jijel est surtout convoitée pour sa corniche où l'on peut admirer caps, falaises, presqu'îles et promontoires. En ce mois d'août, la ville apparaît très paisible, un calme troublé de temps à autre par les klaxons de voitures venues des quatre coins du pays, ayant du mal à passer dans ses ruelles peu adaptées à une circulation de plus en plus dense. Ce nouveau rythme et cette affluence sont, en tout cas, des signes fort révélateurs que cette wilaya est résolument tournée vers l'avenir et se trouve de surcroît plus que jamais ouverte sur le monde après des années d'insécurité et de terreur. Toutefois, il est à signaler que la région souffre d'un manque flagrant d'infrastructures touristiques même si les autorités locales affirment que l'activité estivale attire beaucoup d'investisseurs ayant l'intention d'investir dans ce secteur. Ce déficit en matière de structures d'accueil pousse de nombreux estivants à louer chez des particuliers des appartements à des prix exorbitants pouvant atteindre les 40 000 DA et plus. Une aubaine qui fait marcher les affaires des propriétaires ayant une maison à proposer près de la plage. Mais en dépit de toutes ces contraintes, Jijel reste tout de même une destination de choix pour des milliers d'estivants en quête de calme et qui viennent en masse savourer la beauté de ce paysage enchanteur. Cependant, il est curieux de constater que malgré tous ces atouts et ce potentiel touristique, les jeunes jijéliens restent bien à l'écart et rêvent d'autres cieux. Le chômage, ce problème social majeur dont parlent avec insistance les autorités locales rencontrées sur place, couve en réalité depuis plus d'une décennie, mais il est a été relégué au second plan par le terrorisme qui a tant sévi dans cette région. En l'absence de toute industrie, l'agriculture n'offre que peu ou guère d'alternative. La seule usine, apprend-on auprès de certains jeunes, est une tannerie qui risque de fermer d'un jour à l'autre à cause de la pollution qu'elle génère. l'emploi précaire est l'ultime recours. Située à environ 300 km à l'est d'Alger, la ville de Jijel s'enorgueillit d'avoir été la première capitale de Kapoudan Pacha — Kheir Eddine et de son frère Baba Arroudj (Barberousse) — avant la fondation de la Régence d'Alger. Son évolution timide d'aujourd'hui est paradoxalement perçue par ses premiers responsables comme un avantage dont ils peuvent tirer profit pour éviter les méfaits d'une urbanisation anarchique qui a frappé, selon eux, les autres villes côtières, et pouvoir dégager ainsi des projets respectant l'authenticité de la ville et sauvegarder son patrimoine naturel.