Phénomène n Il y a plus d'un siècle, Graham Alexander Bell était loin de se douter, en mettant en marche le premier téléphone de l'histoire de l'humanité, que son invention allait bouleverser les mœurs. Aujourd'hui, le génie Ecossais serait fort étonné de voir ce qu'il est advenu de son invention. Comment en serait-il autrement avec cette effervescence technologique dont il serait, de nos jours, difficile de se départir. Et pour cause, avec un téléphone portable, on peut tout faire. Tout ou presque. La simple fonctionnalité de communiquer fait désormais partie du registre du déjà-vu et vécu tant les innovations que, chaque jour que Dieu fait, se suivent et ne se ressemblent pas, avec leur lot, jamais tari, de curiosités à en étourdir plus d'un jusqu'à l'éblouissement. Signe d'une vie au rythme aussi rapide qu'un éclair, en Algérie, la fièvre du mobile n'a d'égal que l'engouement sans cesse alimenté que procure un gadget. Et si au commencement, le portable en Algérie était considéré comme un signe d'opulence, aujourd'hui, du fait d'un matraquage médiatique du tandem commerce-publicité, le portable fait partie intégrante du quotidien. Tout le monde est concerné. 18 millions d'Algériens disposent de portable selon les statistiques. Un record. Mais un record qui ne tient pas compte des bouleversements venus s'entrechoquer à des us et à des habitudes, là, debout, des années et des siècles durant, bravant mutations et vicissitudes. Si équipementiers et opérateurs s'évertuent à redoubler d'efforts et d'ingéniosité pour gagner du galon dans un marché en nette expansion, des jeunes, des vieux et même des enfants ont appris, en revanche, à régler leur portable à l'heure de la high-tech. Dans les cybercafés, refuge par excellence d'une jeunesse ayant depuis longtemps troqué l'inertie ambiante contre la modernité, on essaye par groupe et entre amis de chercher les toutes dernières innovations qui permettraient, une fois trouvées, d'accéder au meilleur des mondes. Vendre des portables — fruit du recel — à la sauvette, n'est plus une performance aujourd'hui. Se triturer les méninges pour faire du mobile «une boîte à idées» est, en revanche, un fait plus intéressant. Par blogs interposés, on essaye d'afficher un carrousel de «trucs» ingénieux et on tente, vaille que vaille, de puiser dans les tréfonds de sites techniques dont seuls les vrais accros ont le secret pour se convaincre enfin que le portable a véritablement des fonctions beaucoup plus utiles et intéressantes que celles classiques et dépassées pour lequel il avait été à l'origine fabriqué. Aujourd'hui, on ne se contente plus de parler à un proche ou à un ami, ni d'envoyer des SMS ou des MMS. Aujourd'hui, on colle les yeux et les oreilles à Internet pour ne pas rater la marche frénétique de la révolution du portable. On ferme son garage par mobile, on gère son compte bancaire par mobile et on actionne une bombe par mobile. Il viendra peut-être un jour où il nous serait presque impossible de sortir de la maison sans être muni de cet outil à tout faire. Avoir un portable dernier cri équivaut pour notre jeunesse à posséder le monde entre les mains. «Nous avons eu le SMS, aujourd'hui, nous avons le WAP, demain, je ne serai pas étonné d'entendre que telle ou telle société a créé un portable qui permettrait de remonter le temps et l'espace».