Repère n Evoquer la saison estivale à Tizi Ouzou fait penser, depuis quelques années, à la mer. Pourtant, il fut un temps où la grande bleue n'était pas la seule destination des estivants. Mais il n'y a pas si longtemps que cela, la wilaya de Tizi Ouzou perdait un de ses derniers lieux de détente en montagne : la forêt de Yakourène. Un beau massif constitué essentiellement de chênes et peuplé de singes magots. La forêt de Yakourène recevait chaque été des milliers de famille qui s'y rendaient pour des pique-niques à la fontaine fraîche. Quelques artisans ont installé des étals en roseau pour proposer à la vente de la poterie notamment. Les singes magots, une espèce protégée par la loi apportaient leur touche de joie aux enfants qui leur donnaient plein de friandises à la grande déception des forestiers qui tentent tant bien que mal d'expliquer que ce comportement nuit à l'animal sur plusieurs plans. Particulièrement en modifiant leur régime alimentaire (les singes sont gavés de gâteaux, de chocolat…). Aujourd'hui l'endroit est devenu non seulement infréquentable, mais très dangereux pour tous ceux qui s'y aventureraient. Vol de bois (pour les piédroits), prostitution, drogues et… terrorisme, hantent la belle forêt. D'autres sites ont cessé d'attirer des vacanciers depuis la décennie noire. Aujourd'hui si certains endroits ont été «nettoyés» par les services de sécurité, il demeure non fréquentable pour la simple raison que les autorités locales les ont «oubliés». Il faut rappeler que lors d'une réunion de l'exécutif de wilaya de Tizi Ouzou qui a porté sur la saison estivale, les différentes directions intervenantes (culture, tourisme, artisanat, jeunesse et sports…) ont confectionné des programmes pour les seules localités côtières qui ne représentent que 5 communes sur les 67 de la wilaya. Et personne n'a jugé utile de penser aux villages de la Haute-Kabylie qui se trouvent loin des plages et qui ne disposent d'aucune infrastructure à même d'«organiser un semblant d'animation». Les cafés maures offrent alors la seule alternative pour «tuer le temps et l'ennui», comme le disent si bien les villageois. Pourtant la Kabylie est une belle région montagneuse où le tourisme de montagne aurait pu être développé pour peu qu'une stratégie soit mise en place. Tala Guilef, le gouffre d'Asswel, le Parc national du Djurdjura, les villages anciens tels que Ath Lkaïd, le lac d'Agoulmime, la Main du juif, Lalla Khedidja, la Grotte du macchabée, Azrou Nethour… sont autant d'endroits féeriques qui ne manqueront certainement pas d'enchanter les visiteurs. Mais rien n'a été fait pour les promouvoir. Aussi certaines régions ont trouvé la parade pour faire venir les touristes en perpétuant et en relançant parfois à coup de sacrifices les fêtes locales telles que la fête de la poterie à Maâtkas, du bijou à Ath Yanni, de la vannerie à Djemaâ Saharidj, du tapis à Ath Hicham, de la cerise à Larbaâ N'ath Irathen… mais souvent les fêtes ne sont pas régulières et, encore une fois, les collectivités locales y sont pour quelque chose…