Ephémère n De nombreuses associations musicales à Constantine naissent et meurent souvent sans avoir existé autrement que par un paraphe sur une feuille de papier. Ce n'est pas le cas de l'association Inchirah qui a fait du malouf sa spécialité et qui sort vraiment de l'anonymat dans lequel ces associations se sont confinées. Cette «longévité» qui, placée dans le contexte actuel du champ culturel à Constantine, peut être considérée comme une remarquable performance et un signe de distinction. Inchirah a, en effet, également su marquer de son empreinte le champ musical de la ville du Vieux Rocher d'où bon nombre de chanteurs du malouf de la nouvelle génération, sont issus ou ont fait un passage par cette association. Le concert donné récemment à l'occasion de la fin de l'année musicale a été une belle illustration de l'attachement des responsables de cette association aux règles de l'art du malouf malgré un environnement peu favorable. Alignant un orchestre de plus de trente musiciens dont plus des trois quarts étaient des éléments féminins, Khaled Zarabi, l'enseignant et chef d'orchestre de l'association, a réussi à offrir au public composé en majorité de mélomanes et de connaisseurs, un moment musical digne des qaâdate d'antan. C'est peut-être parce que les éléments de Inchirah sont restés attachés à certains principes et comme à la belle époque, se soucient d'abord et avant tout de jouer et de chanter pour toucher, émouvoir et offrir du plaisir à l'auditoire avant toute autre considération. La troupe de Inchirah qui compte de nombreux jeunes espoirs, comprend d'ailleurs d'anciens élèves qui continuent à être fidèles à cette association des décennies durant, trouvant en elle un cadre idoine pour continuer à pratiquer leur violon d'Ingres par amour et pour le plaisir. C'est entre autres le cas de Sahha Mounia, l'une des plus belles voix féminines qui ont animé ce concert et qui, affirme Khaled Zarabi, chante avec l'association depuis 28 ans sans être tentée par une aventure en solo qui aurait pu lui apporter prestige et argent. C'est également à Inchirah qu'évolue le jeune Anis Bencheffra, un surdoué et qui, à 10 ans, chante déjà du zegel avec un istikhbar dans les règles de l'art, arrachant une admiration non feinte à l'auditoire. Outre le fait d'être une école et une pépinière de jeunes talents, cette association musicale se distingue également par son caractère ouvert aux mélomanes désireux de parfaire leurs connaissances dans le domaine du malouf. C'est d'ailleurs cette association qu'a choisie Hamza Benkadri, un jeune qui chantait la musique moderne, pour s'essayer à l'art de Ziryab. Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître comme l'a démontré la très belle prestation de ce jeune lors du dernier concert de l'association. En quatre mois à peine, cet autre surdoué a pu interpréter avec aisance et talent des chansons que d'autres ont mis des années à maîtriser.