«Alors, que faites-vous en cette période estivale ?» «Comme vous voyez, nous nous protégeons des rayons du soleil», répond le plus âgé des quatre adolescents. «Tu es scolarisé ?» «Nihayat eddirassa (exclu)», note-t-il l'air nonchalant. Et un autre, très maigre et bavard, de souligner : «Moi, je suis scolarisé à Béjaïa où je réside, je viens ici juste pour les vacances.» Les deux autres, quant à eux, ne bronchent pas. L'un d'eux se contente de rire ! Selon nos interlocuteurs, Aguemoun compte en tout une vingtaine de maisons, dont beaucoup sont habitées uniquement en été. «Le reste de l'année, le village est presque vide», soulignent-ils. A ce propos, il est utile de signaler que beaucoup d'«Aguemounis» ont été contraints de s'installer ailleurs, sous d'autres cieux plus cléments, à l'instar du père de Zinedine Zidane qui a quitté le village en 1952 pour aller en France. Il faut dire que les conditions de vie sont extrêmement difficiles ici, surtout en hiver où il fait très froid. Il est vrai que beaucoup de choses ont changé à Aguemoun, ces dernières années, avec le bitumage de la route qui mène au chef-lieu de la commune et «l'arrivée» de l'électricité. Mais force est de noter que beaucoup reste à faire. «On n'a rien ici comme vous pouvez le constater, même pas un moyen de transport», affirment en chœur nos interlocuteurs. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, les maisons qui constituent le hameau n'ont rien à envier, pour la plupart, à ces villas que l'on trouve un peu partout en Kabylie. «C'est avec l'argent de l'émigration que l'on a construit tout cela», explique-t-on.