Chassée Gentiment, Nadia est priée par sa tante de vider les lieux. La mort dans l?âme, Nadia fait sa valise et retourne, l?après-midi même, à Souk-Ahras, dans sa famille où sa mère, dès son entrée, lui fait des remontrances. ? Pourquoi es-tu restée si longtemps chez ton oncle ? Je suis seule, ici, avec tout le travail pour moi toute seule. Elle rentre directement dans sa chambre, qu?elle partage avec Mondjia, sa s?ur âgée de treize ans, se change et revient dans la grande salle. ? Tu es bien pâle, ma fille, lui dit sa mère Mebarka en l?observant. Nadia se détourne et s?assied sur une chaise. Sa mère continue : ? La femme de ton oncle a dû te faire trimer, ma pauvre fille, tu es partie d?ici comme une rose. Est-ce que tu mangeais à ta faim au moins ? ? Je te connais, tu es timide, et tu te laisses faire. Et puis, tu as drôlement maigri. Dis, je te parle? ? Quoi donc ? répond Nadia avec un geste d?énervement, je n?ai rien, juste un peu de fatigue. ? Et moi qui croyais te retrouver heureuse et en bonne santé, après ce séjour au bord de la mer? Mais parle-moi un peu de Safia, de ce qu?elle fait, de sa maison? Ça t?a plu ? Intriguée par le silence de sa fille, Mebarka se promet d?en savoir la raison. Nadia, qui d?habitude est bavarde et joviale, riant d?un rien, est maintenant murée dans un silence inhabituel, vaquant aux travaux ménagers comme à l?accoutumée, mais au lieu, selon son habitude, de plaisanter et de taquiner ses frères et s?urs, surtout Mondjia dont elle est très proche, elle s?enferme dans sa chambre où elle passe le plus clair de son temps. Ce changement inquiète de plus en plus sa mère, qui en parle à son mari. Ce dernier, un homme simple, mais sévère et fidèle à ses principes, réplique : ? Oh, Mebarka, tu cherches des problèmes là où il n?y en a pas ! Elle mange, elle boit, il ne lui manque rien, alors laisse- la tranquille ! Ça va lui passer ! ? Mon c?ur me dit que notre fille a un problème, elle n?est plus la même du tout, c?est comme si on nous l?avait changée ! Et elle décide d?en avoir le c?ur net. Un matin, à sa grande surprise, elle la trouve dans la salle de bains, penchée sur le lavabo, haletante, comme si elle allait vomir. Elle se précipite et lui soulève la tête. ? Nadia, Nadia, ma fille ! Qu?y a-t-il ? tu es malade ? -Non, ça va ! Je n?ai rien. Sa mère observe son visage livide, ses yeux cernés, sa bouche pâle. Elle referme la porte à clé et lui dit : ? Tu vas me dire maintenant ce que tu as, ou bien tu iras voir un médecin. Ça suffit ! Nadia réagit violemment : ? Un médecin ? Mais pourquoi ? Que me veux-tu ? laisse-moi tranquille. Mais sa mère insiste, essayant de la calmer, en lui disant : ? Ma fille, mon c?ur tu es ma s?ur, ma mère, ma fille, je ne peux supporter de te voir ainsi? Dis-moi ce qui ne va pas, ouvre-moi ton c?ur. Le ton de Mebarka est de plus en plus ferme car au fond de son c?ur elle entrevoit avec terreur l?horrible vérité. ? Que t?est-t-il arrivé chez ton oncle ? Sinon, j?irai moi-même à la Calle et je me renseignerai là-bas. (à suivre...)