Résumé de la 16e partie n Bel-Heureux est pris à son jeu. Il implore la protection de la s?ur de l?émir des croyants et lui dévoile son secret. Sett Zahia ordonne à la jeune esclave d?aller chercher Belle-Heureuse? Sett Zahia se tourna vers Bel-Heureux et lui dit : «Calme ton âme, adolescent. Il ne t'arrivera que des choses heureuses !» Or, durant ce temps, la bonne vieille dame était allée trouver Belle-Heureuse et lui avait dit : «Suis-moi vite, ma fille. Ton maître bien-aimé est dans la chambre que je lui ai réservée !» Et elle la mena, pâle d'émotion, dans la chambre où elle croyait retrouver Bel-Heureux. Aussi leur douleur fut-elle très grande et leur terreur de ne le voir pas là et la vieille dit : «Il a dû certainement s'égarer dans les corridors ! Rentre, ma fille, dans ton appartement, pendant que je vais aller me mettre à sa recherche !» Et c'est alors que la petite esclave entra chez Belle-Heureuse qu'elle trouva toute tremblante et bien pâle, et lui dit : «O Belle-Heureuse, ma maîtresse Sett Zahia te demande !» Alors Belle-Heureuse ne douta plus de sa perte et de celle de son bien-aimé et suivit, en chancelant, la gentille fillette aux pieds nus. Mais à peine était-elle entrée dans la salle, que la s?ur du khalife vint à elle, le sourire aux lèvres, lui prit la main et la conduisit à Bel-Heureux, toujours voilé, en leur disant à tous deux : «Voici le bonheur !» Et les deux jeunes gens se reconnurent à l'instant et tombèrent évanouis dans les bras l'un de l'autre. Alors la s?ur du khalife, aidée de la petite, les aspergea d'eau de rose, leur fit reprendre connaissance et les laissa seuls. Puis elle rentra au bout d'une heure et les trouva assis, étroitement embrassés et des larmes tout plein les yeux de bonheur et de gratitude pour sa bonté. Elle leur dit alors : «Il nous faut maintenant fêter votre réunion en buvant ensemble à l'éternelle durée de votre félicité !» Et aussitôt, sur un signe, la petite esclave rieuse remplit les coupes de vin exquis et les leur présenta. Ils burent, et Sett Zahia leur dit : «Comme vous vous aimez, mes enfants ! Aussi vous devez savoir des vers admirables sur l'amour et des chansons fort belles sur les amants. J'aimerais vous entendre me chanter quelque chose ! Prenez ce luth ! Et, à tour de rôle, faites résonner l'âme de son bois mélodieux !» Alors Bel-Heureux et Belle-Heureuse baisèrent les mains à la s?ur du khalife et, le luth accordé, ils chantèrent ces merveilleuses strophes alternées : «Je t?apporte des fleurs légères sous mon voile de Koufa et des fruits encore poudrés de l'or du soleil ! ? Tout l'or du Soudan est sur ta peau, ô bien-aimée, les rayons du soleil sont dans tes cheveux et le velours de Damas dans tes yeux ! ? Me voici ! Vers toi je viens avec l'heure où les soirs tièdes sont propices !... L'air est léger, la nuit se fait soyeuse et transparente, et le murmure vient à nous des feuilles et des eaux ! ? Te voici, te voici, ô ma gazelle des nuits ! La ténèbre tout entière est éblouie de tes yeux. Ah ! dans tes yeux que je plonge comme l'oiseau qui s'enivre sur la mer !» Les dernières notes de ce chant à peine avaient-elles expiré sur les lèvres de Belle-Heureuse pâmée de bonheur, que soudain les rideaux s'écartèrent et le khalife en personne fit son entrée dans la salle. A sa vue, tous les trois se levèrent vivement et baisèrent la terre entre ses mains. Et le khalife leur sourit à tous et vint s'asseoir au milieu d'eux sur le tapis, et ordonna à la petite esclave de verser le vin et d'apporter les coupes. Puis il dit : «Nous allons boire ainsi pour fêter le retour à la santé de Belle-Heureuse !» Et il leva la coupe d'or et dit : «Pour l'amour de tes yeux, ô Belle-Heureuse !» et il but lentement. Il déposa alors la coupe et, remarquant la présence de cette esclave voilée qu'il ne connaissait pas, il demanda à sa s?ur : «Qui est donc cette jeune fille dont les traits me paraissent si beaux sous ce voile léger ?» Sett Zahia répondit : «C'est une compagne dont ne peut se séparer Belle-Heureuse ; car elle ne peut manger ni boire avec plaisir si elle ne la sent pas près d'elle !» (à suivre...)