Trajet n Tichy, le 31 juillet 2007. Il est 14h 30. Les plages grouillent de monde. Et les rues de voitures ! L'espace réservé au stationnement des fourgons desservant la commune voisine de Boukhelifa est, en revanche, vide. Ni fourgons, ni passagers. «C'est bien ici l'arrêt de Boukhelifa ?», demandons-nous à un jeune vendeur de vêtements installé à quelques mètres de là. «Oui, c'est par ici, soyez patients, le transport ne tardera pas à arriver», répond-il. Après quelques minutes d'attente, un fourgon stationne. «Vous allez à Boukhelifa ?» «Oui, bien sûr», répond le chauffeur. «Vous pouvez monter», ajoute-t-il discrètement. Le jeune homme, âgé d'une trentaine d'années environ, petit de taille et tout brun, est un tantinet timide. C'est du moins l'impression qu'il donne. Qu'à cela ne tienne, notre guide essaye par tous les moyens de lui «arracher» quelques informations sur le village d'Aguemoun. «Comment faire pour s'y rendre ? Y a-t-il des fourgons ou des taxis qui desservent le village ? On ne risque pas d'avoir des problèmes au retour ?», l'interroge-t-il sans discontinuer. «Je vous dépose au chef-lieu de la commune et vous devez continuer à pied, il n'y a ni fourgon, ni taxi, ni clandestin pour rejoindre Aguemoun, vous en avez pour 25 minutes de marche environ. Pour le retour, il n'y a pas de problème, il y a des fourgons sur Tichy à partir du chef-lieu de la commune jusqu'à 20 heures», lui répond l'autre. Sur ce, un silence de cathédrale s'installe. Le chauffeur scrute des yeux les passants dans l'espoir de les «convaincre» de prendre place à l'intérieur du fourgon où les quelques passagers qui y sont installés commencent déjà à s'impatienter. Boukhelifa n'est pas une destination prisée, c'est clair ! Le chauffeur arrive, tout de même, à «remplir» son véhicule, non sans difficultés il est vrai. La virée au village des Zidane peut enfin commencer ! «Dites-moi, la route est sécurisée ? Il n'y a pas de terroristes par ici ?», demande encore notre guide au chauffeur. «Non, il n'y a rien par ici», répond celui-ci, d'un air agacé. Et notre guide de revenir à la charge : «Est-il vrai que Boukhelifa est dépourvue de CEM et de lycée ?» «Il y a un CEM, mais pas de lycée», réplique sèchement le chauffeur, avant d'appuyer sur l'accélérateur. Il faut dire que la circulation est très fluide. Après une demi-heure de route au milieu d'une nature sauvage, on arrive à Boukhelifa. «C'est le terminus», annonce le chauffeur. «C'est par où Aguemoun ?», lui demandons-nous. «Vous voyez ce village-là sur la colline avec les deux maisons peintes en blanc ? Eh bien, c'est Aguemoun», nous indique-t-il. «Mais c'est loin, on ne peut pas s'y rendre à pied surtout qu'il est tard. Il n'y a aucun taxi à louer ?» «Non.» «Et vous, vous ne pouvez pas nous y emmener ?» «Si vous voulez oui, mais je vous dépose et je reviens, je ne vous attends pas, si cela vous arrange, cela vous coûtera 250 DA en tout», répond-il joyeusement comme s'il n'attendait que notre proposition pour l'accepter. «C'est OK, allons-y.»