Vocation n Fabriquer des instruments de musique est le métier qu'a choisi un Mostaganémois de souche qui s'est installé à Mecheria, une région plutôt connue pour ses Hauts-Plateaux et ses grands élevages, et ou il connaît un certain succès. Si El-Medjdoub, 42 ans, a ouvert son premier atelier de fabrication des instruments de musique, notamment le luth, à travers la région de Mecheria, réputée pour ses métiers d'élevage, de laine, de cuir, etc. Après avoir reçu les premiers enseignements de cet art traditionnel de son grand-père, si El-Medjdoub a poursuivi ce métier de 1979 à 1995 à Mostaganem, avant de créer un atelier de fabrication d'instruments à cordes à Mecheria. Cet artisan indique que dès son jeune âge, il a toujours admiré le luth et ceux qui savent en jouer comme des virtuoses, à l'instar des grands maîtres de la musique arabe, notamment Farid El Atrache et Mohamed Abdelouahab. A l'âge de 16 ans, si El-Medjdoub travaillait dans l'atelier de son grand-père connu sous le nom de Chenouini . Durant les trois années suivantes, «j'ai appris avec dévouement et abnégation ce métier, malgré l'indisponibilité à l'époque du bois ou sa cherté». Et de poursuivre : «De nos jours, les matières premières, dont les cordes d'origine autrichienne et allemande sont importées, alors que celles de piètre qualité sont disponibles.» Cet artisan qui est également un musicien, a précisé que le métier de fabrication d'instruments traditionnels de musique est en voie de disparition, «en raison de l'invasion du marché par des instruments importés à des prix concurrentiels», d'une part et «le manque d'intérêt des jeunes pour ce genre de métier qui, selon eux, n'est pas rentable», d'autre part. En outre, le problème du manque du bois utilisé pour la confection des instruments de musique se pose avec acuité, d'autant que la matière première est importée d'Inde, et les cordes d'Europe avec des coûts très élevés alors que le produit fini est «vendu à perte», ironise cet artisan. Après avoir insisté sur le devoir de sauvegarder ce patrimoine artistique, le même artisan a insisté sur la baisse de la demande sur les instruments de musique traditionnels du fait de «la dégradation du goût artistique et l'absence des chants folkloriques où les musiciens utilisent les instruments traditionnels comme le luth, le violon ou les tambours», ajoute t-il. Si El-Medjdoub a encore précisé que la fabrication des instruments traditionnels nécessite un genre d'ébénisterie spéciale, dont le bois extrait du noyer ou du figuier est apprécié pour sa flexibilité et sa souplesse, «car le produit est placé dans l'eau pour une longue période». Ensuite, selon si El-Medjdoub, le moule est sculpté pour avoir la forme du luth, avant de lui mettre les clefs, les cordes en plus de la plume qui est actuellement en plastique. La durée du montage d'un luth dépend en particulier de la dextérité de l'artisan qui peut même finir son produit en deux mois ou moins. S'agissant du prix de cet instrument, le même artisan l'estime entre 7 000 à 12 000 DA, selon la qualité du bois. En conclusion, si El-Medjdoub a appelé les jeunes à s'armer de patience et de persévérance pour «apprendre ce métier artisanal et le préserver contre l'oubli et la disparition».