Nous descendons vers le village dans l'espoir de rencontrer quelqu'un. Personne. «Où sont donc passés les habitants même pas un enfant», se demande la dame. De part et d'autre de la route, des oliviers, des figuiers et des vignes brûlés. Certaines habitations immergent au milieu des cendres et d'arbres carbonisés. Toutes les portes des maisons sont closes. Les habitants sont-ils partis ? Quelques mètres plus loin, nous apercevons des hommes. Ce ne sont pas des villageois mais plutôt des agents de Sonelgaz qui s'affairait à remplacer les câbles électriques endommagés qui pendaient lamentablement sur les poteaux. Les câbles sont en torsadés ce qui les a empêchés d'atteindre le sol sous l'effet de la chaleur épargnant ainsi aux villageois les risques d'électrocution. Nous parvenons à la petite mosquée du village où quelques hommes assis sur des briques, à l'ombre, discutent. Ils nous orientent. La route qui dessert les habitations de Bouassem est en pente. Les ruelles cimentées dont une partie en escalier, sont inaccessibles pour les véhicules. Des voix de femmes nous parviennent de loin, il y a des gens dans ce village. Ce sont des jeunes filles qui discutent de l'incendie. Nous arrivons enfin chez la famille S. qui nous a chaleureusement accueillis. Un accueil et une hospitalité qui font la fierté des villageois de la Kabylie. Madame S. nous dira que tout a commencé lundi. Le feu s'était déclaré à Amedjoudh et a évolué vers nous mercredi, il était à l'orée du village et en avait déjà atteint d'autres comme Akenjour. «Nous étions en train de regarder le village d'Akenjour qui était pris dans l'étau des flammes lorsque notre village a été subitement gagné par le feu», nous racontent trois jeunes filles. «L'incendie, poursuivent-elles, est arrivé au village vers 15h. Aussitôt, les hommes se sont mobilisés pour repousser les flammes qui menaçaient dangereusement les maisons. Mme S. nous montre à travers la fenêtre de son salon un arbre planté tout près de la fenêtre et dont les branches ont été coupées. «Nous avons coupé toutes les branches qui auraient constitué une menace pour nos habitations si le feu avait atteint les arbres.» Son mari nous dit que les hommes se sont tous armés de tuyaux pour affronter le feu. «Heureusement que nous avons de l'eau dans notre village et avec une forte pression sinon notre village aurait été entièrement détruit.» Au fil des heures, le feu devenait menaçant. On a demandé aux femmes de quitter le village avec les enfants. Ces dernières ne savaient où aller car le feu était partout. Elles remontèrent vers la route qui mène vers Alma, chef-lieu de la commune, tandis que les hommes continuèrent à affronter courageusement le feu jusqu'à 4 h dans la matinée de jeudi. Les feux ont été maîtrisés, mais les villageois après une nuit infernale, sont restés aux aguets de peur que le feu ne reprenne.