Yasser et Sara comptent se marier bientôt. Mais il n'y aura pas de voitures décorées usant de leur klaxon. Il n'y aura pas non plus de photographes, ni de fête bruyante avec des centaines d'amis dans un grand hôtel, et encore moins de pétards et de feux d'artifice. Car dans Bagdad en guerre, théâtre de sanglantes violences entre communautés chiite et sunnite, rien ne doit attirer l'attention meurtrière des kamikazes, snipers, miliciens et escadrons de la mort. Seule une vingtaine de personnes – 10 membres de chaque famille – assisteront à la cérémonie qui aura lieu dans une maison privée de l'est de la capitale irakienne. Un cheikh viendra unir le jeune couple. «Il y aura une sono, des danses. Notre quartier est un peu épargné par les attaques, on peut donc organiser une petite fête», explique Yasser. Mais «cela commencera à midi pour finir vers 17h 00. Au-delà, c'est trop dangereux». En juillet, 17 invités d'une noce organisée dans un quartier sud ont été tués par l'explosion d'une voiture piégée, qui a également blessé les mariés. Quelques mois plus tôt, 23 personnes avaient péri dans des circonstances similaires au sud de Bagdad.