Les armes à feu des corps constitués sont souvent utilisées dans les fêtes, parfois par des personnes ne sachant même pas les manipuler, avec tous les risques et tous les drames que cela peut engendrer. Les fêtes de mariage et de circoncision battent leur plein en ce mois d'août, et avec elles, le lot de désagréments et de dangers. La mort d'un homme à Aïn Bessam, dans la wilaya de Bouira, par un tir de pistolet lors d'une fête, remet sur le tapis la question des folies commises par les familles algériennes pour fêter les leurs et bien paraître devant tout le monde. L'utilisation du baroud étant quasi interdite en raison de la confiscation des fusils de chasse par les services de sécurité, les Algériens se sont tournés vers d'autres formes tonitruantes pour faire la fête. Les armes à feu des corps constitués sont souvent utilisées dans les fêtes, parfois par des personnes ne sachant même pas les manipuler, avec tous les risques et tous les drames que cela peut engendrer. Mais aujourd'hui, la mode est dans l'étalage de la richesse. Alors, ce sont des centaines de feux d'artifice, des fumigènes, des pétards et autres feux de Bengale qui deviennent indispensables pour qu'une fête soit considérée comme réussie sur l'échelle des valeurs de la rue. ? Alger, dans les quartiers populaires, les nuits d'été ressemblent à un éternel carnaval. Dans certains quartiers, il ne se passe pas un jour sans que des centaines de feux d'artifice soient tirés. Il paraît que c'est une mode copiée des mariages des enfants de ministres qui réservaient des hôtels 5 étoiles et qui terminaient tous leur fête par des feux d'artifice géants. Aujourd'hui, ce sont les quartiers de Leveilley, Kouba et Husseïn-Dey qui s'illuminent toutes les nuits, avec une pluie de feux d'artifice. “Chaque nuit, je me réveille en croyant qu'il s'agit d'un accrochage”, raconte un riverain. Les feux d'artifice sont pourtant interdits d'importation et leur utilisation est, en principe, réservée à un personnel qualifié. Mais, allez raconter ça du côté de la rue de Chartres, où les commerçants se frottent les mains à la vue du nombre impressionnant de commandes pour mariage. “Avant, c'était uniquement pour le Mawlid Ennabaoui et c'était une clientèle très riche qui venait les commander à l'avance. Maintenant, tout le monde veut ses feux d'artifice, même pour des circoncisions”, raconte un habitué des lieux. Ces feux coûtent, en temps normal, 50 000 dinars la pièce. La forte demande a fait grimper les prix pour atteindre le double. Et comme il faut bien paraître, il faut acheter le maximum, au moins une vingtaine, alors faites vos comptes ! Ce n'est pas tout. Les fumigènes, jusque- là utilisés dans les stades, accompagnent présentement les cortèges, créant une fumée qui empêchent toute visibilité pour les conducteurs. Devant les salles des fêtes ou les hôtels, les mariés sont accueillis par une haie de fumigènes et de pétards, au grand bonheur des importateurs qui y trouvent une poule aux œufs d'or et qui ne doivent plus investir juste pour le Mouloud. Reste la lancinante question de savoir comment peuvent-ils introduire toute cette quantité d'explosifs dans un pays qui en interdit l'usage ? Il ne se passe pas un été sans que les fêtes ne soient émaillées d'incidents douloureux. Faut-il arriver à des drames pour que l'?tat réagisse ? La société, on le voit, est aveuglée par les phénomènes de mode et semble inconsciente des dangers que cela représente. L'autorité de l'?tat est, plus que jamais, interpellée, pour éviter l'irréparable. Azzeddine bensouiah