Sous la houlette du duo Saliha Zaki-Bounemri et Lynda Cherik, l'équipe nationale de handball filles, en stage à l'hôtel El-Mahdi, travaille dans la sérénité en prévision des championnats d'Afrique. Les garçons, pour leur part, ont regagné le pays hier après avoir participé à un tournoi en Hongrie. Les hommes de Kamel Akkab ont laissé une bonne impression. Ce sont tous les acteurs de la petite balle qui s'activent pour qu'elle retrouve son lustre. L'enseignement Saliha Zaki-Bounemri à InfoSoir La naissance d'une équipe l Rencontrée sur les lieux du stage à l'hôtel Mahdi, l'entraîneur national, Saliha Zaki-Bounemri, évoque les différents aspects de la discipline et de la sélection nationale féminine. «Je voudrais d'abord faire une petite rétrospective sur le handball algérien, plus particulièrement féminin. L'équipe nationale n'a pas participé à une compétition internationale depuis quatre ans. Notre première sortie depuis, c'étaient les derniers jeux Africains. Cette joute était un objectif intermédiaire qui allait nous permettre de situer notre niveau et comparer nos chances par rapport aux autres équipes africaines. Au-delà du résultat (trois matches pour autant de défaites), je dirais que l'équipe s'est merveilleusement comportée. Elle a montré un visage séduisant et malgré les défaites que nous avons concédées, les filles ont toujours quitté la salle sous les applaudissements du public. Le point positif que j'ai pu relever, c'est la combativité dont ont fait preuve mes joueuses. Je précise au public algérien qu'auparavant, l'Algérie perdait par des scores très larges face à l'Angola, alors que cette fois-ci nous avons perdu avec un écart raisonnable. A titre de comparaison, lors la deuxième mi-temps du match que nous avons livré face à cette équipe lors des Jeux Africains, nous sommes parvenus à quatre buts d'écart seulement. Le facteur expérience a pris le dessus vers la fin de la rencontre, ce qui a permis aux Angolaises de terminer victorieuses. Face à la Tunisie, je peux assurer que nous ne méritions pas de perdre. Nous avons été lésés par l'arbitrage. Le groupe était très relevé. La preuve, c'est qu'on a retrouvé au classement final l'Angola à la première place, le Congo deuxième alors que la troisième position était revenue à la Côte d'Ivoire. Si nous avions été tirées dans un autre groupe, nous aurions pu prétendre à une meilleure place.» L'équipe Nassima Dob (cap.) - Lamia Izem - Hamida Belkacem - Tassaâdit Ould Taleb - Amel Aït Ahmed - Ratiba Hasnaoui - Rosa Chila - Fatma Chaïb - Soraya Tabib - Wassila Tâalbi - Nabila Tizi - Sara Benmafaâ - Amina Boudjellal - Rekia Ziani - Sihem Hamissi - Fatma Boussouma. Encadrement technique : Saliha Zaki-Bounemri – Lynda Cherik Staff médical : Sid Ali Lerari L'imbroglio L'abandon des pouvoirs publics l«Il y a eu un délaissement général du sport par les hautes instances et cela est un acte incompréhensible. Je crois que le sport est indissociable de tous les autres domaines. Il a besoin de tout pour réussir. Il faut qu'il y est l'aide de tout le monde. La jeunesse n'est pas l'affaire exclusive d'un ministère. Les pouvoirs publics doivent s'y impliquer pour faire sortir ce sport de son marasme. Le sport c'est la santé, le sport c'est l'éducation, le sport c'est l'insertion sociale, donc je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics n'interviennent pas pour l'entourer d'un maximum d'atouts pour le remettre sur les sur rails. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, à lui seul, ne peut en aucun cas gérer toute la jeunesse algérienne.» Les moyens L'argent est le nerf de la guerre l «Ce que les gens ne comprennent pas et veulent peut-être occulter, c'est qu'actuellement, l'argent est un élément prépondérant pour le développement de tous les domaines. Le sport ne déroge pas à la règle. Celui qui veut avoir des résultats à court, moyen ou long termes doit mettre le paquet dans le domaine financier. Les clubs qui possèdent les moyens de la bonne gestion administrative et sportive peuvent espérer récolter des résultats positifs. Les autres, il ne faut surtout pas s'attendre à ce qu'ils suivent le rythme. Pour atteindre une bonne performance, il faut s'entourer de l'atout le plus important : l'argent.» La préparation Il faut au moins 40 matches amicaux l «La compétition nous permet de hausser le niveau et de le situer par rapport aux autres équipes. Je l'ai dit lors de la première réunion avec les responsables du ministère que nous avons besoin d'être compétitives. En ce qui concerne cette équipe nationale de handball (filles), nous avons besoin d'au moins 40 matches amicaux avant d'aborder les championnats d'Afrique qui se dérouleront en Angola au début de l'année prochaine. On ne peut pas se présenter à une compétition aussi relevée comme les championnats d'Afrique en se contentant des entraînements seulement. Jouer des matches amicaux est aussi une méthode de la préparation. Si cette partie de la préparation fait défaut, le niveau ne cessera de régresser et on ne pourra rien faire par la suite.» Le programme Discuter du programme avec le DTS l Le programme est élaboré par l'entraîneur national. Nous demandons, à ce que chaque stage soit ponctué par des rencontres amicales internationales. Que les équipes viennent ici en Algérie ou que nous nous déplacions à l'étranger, peu importe. Il faut qu'il y ait des rencontres internationales amicales. J'ai eu des discussions avec des responsables tunisiens après les jeux Africains qui cherchent à avoir des rencontres avec notre équipe. En principe, il y a un déplacement en Tunisie, même si on doit jouer avec des clubs. Au programme il y a un tournoi au mois de novembre et nous allons essayer d'avoir un stage en France. Un stage précompétitif en Hongrie doit avoir lieu à la fin de cette année avant notre départ pour l'Angola. Si ce programme est respecté tel qu'il a été élaboré, je pense que nous aurons les moyens de réussir un parcours honorable lors des prochains championnats d'Afrique. Mes filles acceptent le travail. Elles sont très combatives, elles luttent et aiment se surpasser. La fierté Des filles sont sollicitées par des clubs étrangers l «Ma fierté, c'est d'avoir réussi à hausser le niveau de certaines de ces handballeuses qui leur permettrait même de jouer à l'étranger. D'ailleurs, certaines d'entre elles font l'objet de sollicitations de la part de clubs étrangers, et cela me comble de bonheur. Quand je vois les gros progrès qu'elles ont réalisés et que des entraîneurs européens viennent nous féliciter en disant qu'ils ne s'attendaient pas à voir un aussi bon niveau chez nos joueuses, cela me pousse à redoubler d'efforts, mais surtout à ne pas laisser cette génération partir comme ça. Tizi Nabila, Dob Nassima, Izem Lamia, Tabib Soraya et bien d'autres ont d'énormes potentialités pour évoluer à l'étranger. J'en suis comblée.» Le plus La compétence est la bienvenue «Les portes de l'équipe nationale sont ouvertes à toutes les joueuses aptes à apporter un plus. Cela dit, je mets l'accent sur le domaine de la discipline. Même s'il y avait la meilleure joueuse du monde chez nous et qu'elle peut créer le moindre problème, qu'elle soit sûre qu'elle ne mettra jamais les pieds en équipe nationale. Je suis éducatrice avant d'être formatrice et l'équipe nationale ne m'appartient pas, elle est la propriété de tous les Algériens. Mon bonheur sera complet lorsqu'un jour, une joueuse dira : ‘'j'ai été formée par Bounemri''» L'objectif Faire mieux que lors des jeux Africains l «C'est certain. Il y aura un résultat meilleur que celui que nous avons réalisé à Alger lors de jeux Africains. Cela dit, il ne faut que les gens se focalisent sur les résultats immédiats car il faut chercher à former et monter une équipe d'avenir sur des bases solides. Maintenant si l'on doit faire l'impasse sur tel ou tel événement, on le fera. Avant les jeux Africains, j'ai dit au ministre sortant que nous aurons une équipe compétitive, qui va se battre sur le terrain, mais je ne peux rien garantir en ce qui concerne les résultats. J'ai été claire sur le sujet. Même si demain je devais quitter l'équipe et qu'un autre entraîneur arrivait, je veux qu'il trouve une équipe avec une bonne assise, et cela croyez-moi me comblera de plaisir.» Le flop Les clubs ne jouent pas le jeu l «J'aurais souhaité que, juste après les jeux Africains, les clubs reprennent le relais de la préparation des athlètes. Il est inconcevable de se permettre de laisser les clubs en état d'inactivité depuis le 15 mai dernier, date de la dernière rencontre du championnat. Cela n'a rien à voir avec la méthodologie de l'entraînement, ni avec la performance, c'est tout simplement du bricolage. Rester quatre mois inactif ne peut que nuire à la performance de l'athlète. D'ailleurs, cela reflète le niveau bas actuel de nos clubs. Exiger à un club d'entamer tôt la préparation n'est pas du ressort de la fédération. Cette dernière est là pour gérer la compétition et orienter les clubs d'une manière méthodique, pour l'organisation sportive et le respect de la réglementation internationale. Au niveau des clubs, il n'y a pas d'ambitions pour effectuer un travail de haut niveau qui permettra de rehausser la performance des athlètes et, de ce fait, celle des équipes et de l'équipe nationale.» L'apport Confiance totale en la fédération l«J'ai une confiance totale en les responsables de la Fédération. J'ai aussi confiance en mes filles. Je sais que ce sont des battantes qui peuvent relever le défi. Ce qui me perturbe, c'est le fait d'effectuer des stages pour faire du surplace. C'est l'ennui qui peut casser le rythme des joueuses. Lorsqu'il n'y a pas de confrontation, cela crée de l'ennui au sein du groupe. Je suis optimiste et j'inculque cette idée à mes joueuses. Le handball algérien est en train de renaître de ses cendres. On a pu former un groupe qui peut aller très loin à condition de réunir les moyens adéquats pour sa bonne marche. N'oubliez pas que nous avons affronté des équipes huppées dans ce sport. L'Angola championne d'Afrique, la Tunisie vice-championne d'Afrique et qui vont disputer les championnats du monde. Il existe certes une énorme différence de niveau, mais cela ne nous a pas empêchés de leur tenir tête. Il faut venir voir les filles à l'entraînement. Elles aiment se battre et je peux vous assurer qu'il y a des seniors garçons qui ne peuvent pas résister à certains exercices qu'elles effectuent. Je n'irai pas jusqu'à dire que nous allons décrocher la médaille d'or en championnat d'Afrique, mais nous allons faire honneur au handball de notre pays. ?a c'est une promesse de la part de toute l'équipe.» Le message Ne pas étouffer dans l'œuf cette équipe l Nous demandons le soutien de tout le monde et qu'il soit patient avec nous. Je suis persuadé que cette équipe aura un avenir radieux pour peu qu'elle soit bien encadrée sur tous les plans. Mais il faut que les choses changent. Nous n'avons pas d'équipes de la catégorie junior en championnat national. Le niveau des clubs est très faible et j'invite les médias à suivre le championnat national qui sera à mon sens d'un niveau plus bas cette saison. Cela influe inéluctablement sur le rendement de l'équipe nationale. Si les pouvoirs publics et les clubs ne réagissent pas, dans quatre ans il n'y aura plus d'équipe nationale de handball filles. Nous avons besoin de l'aide de tout le monde. Je fais de mon mieux, j'ai sacrifié mon foyer pour cette équipe, j'espère que cela ne sera pas vain.