Performance n L'entraîneur des filles de handball a réussi, en une année seulement, à redonner une âme à son équipe. Malgré les défaites enregistrées, les observateurs ont été unanimes à dire que cette équipe a de l'avenir. InfoSoir : Qui est Saliha Zaki Bounemri ? Mme Zaki Bounemri : Je suis enseignante à l'ISTS en méthodologie de l'entraînement, ancienne athlète internationale de handball. Actuellement, je m'occupe de l'équipe nationale féminine dans cette discipline avec mon adjointe Lynda Cherik. Parlez-nous un peu de l'équipe nationale filles de handball ? Tout d'abord, je souhaite donner un petit aperçu sur notre équipe. Après le départ de l'ex-fédération, l'équipe nationale de handball est restée en hibernation pendant quatre ans. Autrement dit, elle était absente de toute compétition africaine pendant plusieurs années. Nous avons été sollicitées pour l'encadrement de cette équipe et nous avons entamé notre travail depuis une année seulement. Notre principale tâche est axée sur la refonte des bases de l'équipe en insistant sur l'aspect physique qui fait défaut au sein des clubs algériens du fait de la faiblesse de niveau de la compétition nationale pour ne pas dire qu'elle est inexistante ou médiocre. Cela s'est répercuté négativement sur le niveau de l'équipe nationale. Avez-vous senti une volonté des responsables de redorer le blason de cette discipline ? Il n'y a pas que la volonté qui a fait que nous soyons dans cette situation. Notre championnat est vraiment très faible à cause du nombre réduit des équipes. Les filles n'ont pas eu assez de compétition ; nous n'avons pas aussi cette culture d'inviter des clubs étrangers à se mesurer à d'importants sparring-partners afin d'élever le niveau. Nous évoluons uniquement au niveau local et cela ne nous permet pas d'avancer, c'est une certitude. Comment évaluez-vous la participation de votre équipe ? Je tiens à préciser que la poule dans laquelle nous sommes tombées est la plus relevée. Les deux premières places de ce tournoi reviendront, à coup sûr, au groupe A. Nous avons eu comme adversaires les meilleures équipes du continent. Je pense que l'Angola et la Côte d'Ivoire sont les mieux placées pour aller en finale. Vous paraissez optimiste... La moyenne d'âge est de 23 ans. Je peux dire que cette équipe peut aller jusqu'à 7 ans d'existence, pour peu qu'on mette à sa disposition les moyens nécessaires. Je promets que cette équipe fera mal sur le plan africain si on parvient à maintenir le rythme de travail que nous avons entamé cette année. Les filles sont jeunes, volontaires, courageuses et ne rechignent pas à la tâche. Elles se battent jusqu'au bout et, sans prétention aucune, j'assure qu'elles iront très loin. Les moyens ont-ils suivi la préparation de ces jeux ? Cette année, nous n'avons rencontré aucun obstacle de la fédération. Tous les moyens ont été mis à notre disposition. Le seul aléa, c'est que l'équipe est restée trop longtemps sans compétition, ce qui fait que nous trouvons d'énormes difficultés lorsque nous affrontons des adversaires de gros calibre. Nous manquons de participation aux grands tournois et les autres pays ne nous invitent plus. Les clubs refusent de venir en Algérie pour des raisons que tout le monde connaît, donc cela est un facteur qui ralentit la progression de notre équipe. Il faut parvenir à nous imposer sur le plan international pour pouvoir décrocher des invitations à des tournois de haut niveau. Que préconisez-vous pour élever le niveau de vos sélectionnées ? Nous proposons à ce que les filles de l'équipe nationale intègrent le championnat cadet garçons. Il y a des équipes très fortes qui vont nous permettre de lutter et d'élever le niveau. Car si nous nous contentons du même système, nous ne pourrons jamais avancer. Cela a déjà été fait en 1978 et a porté ses fruits. Pouvons-nous nous attendre un jour à revoir une équipe nationale comme celle des Guidouche, Naïli et autres ? L'équipe des Guidouche, Naïli et autres a travaillé à long terme. Elles ont travaillé ensemble durant des années pour récolter en fin de compte les fruits de leur labeur. Préparer une équipe d'extrême urgence donnera peut-être des résultats, mais ils seront éphémères. Le plus important est de parvenir à un certain niveau et surtout de s'y maintenir. Prenez l'exemple de l'Angola. Les joueuses ont dix années de travail ensemble. Elles évoluent, pour la majorité d'entre elles, au Portugal où elles côtoient des grandes nations du handball. Vous voyez ce que ça donne ? Franchement, l'Angola demeure en ce moment imbattable. Etes-vous satisfaite de cette participation ? Malgré les deux défaites que nous avons concédées, je dirai que nous sommes très satisfaites du rendement général de l'équipe. Améliorer le rendement des joueuses était notre objectif et je pense que nous avons présenté une équipe digne de ce nom. Nous allons continuer le travail et nous préparer à la CAN-2008 en Angola. Je reste persuadée que si nous continuons sur cette lancée, nous projetons d'être parmi les quatre premières nations d'Afrique. Un dernier mot. Je demande aux médias, au peuple algérien et à tous les encadreurs de ne pas se précipiter pour le résultat. Nous cherchons la stabilité et nous travaillons de sorte à composer une équipe digne du handball algérien qui pourra remplacer celle de 1978.