Résumé de la 6e partie n Au bout de dix ans de bonheur conjugal entaché cependant par le chagrin d'avoir perdu son fidèle serviteur, transformé en pierre, le roi se surprit un soir à entendre et comprendre des corbeaux qui volaient au-dessus de sa fenêtre. Il est un moyen de lui rendre la parole, dit le second, mais le roi ni la reine ne s'y résigneront jamais. — Hélas ! non, dit le troisième, car il leur faudrait sacrifier toutes leurs richesses et en faire don aux pauvres. — A ce prix pourtant, le fidèle Jean recouvrerait la parole et la vue. — Il est aussi, reprit le premier corbeau, un moyen de faire battre de nouveau son cœur, mais le roi ni la reine ne sauraient consentir. — Hélas! non, dit le troisième, car il leur faudrait alors perdre leur couronne et renoncer au trône. — A ce prix, pourtant, le cœur du fidèle Jean se remettrait à battre. — Et son corps tout entier pourrait reprendre vie, dit le troisième, si le roi et la reine abandonnaient leur royaume pour sauver celui qui les a sauvés trois fois. — Hélas ! ils n'accepteront jamais de partir comme des mendiants, nu-pieds et la besace au dos, vêtus de guenilles, eux et leurs enfants. — Hélas ! Hélas ! «croassèrent les corbeaux et ils s'en furent tous à tire d'aile. Le roi appela la reine, et une heure plus tard un héraut parcourait la ville invitant tous les pauvres à se rendre au château pour y recevoir une part du trésor royal. Quand la distribution fut faite, la statue de pierre tourna la tête, ses yeux s'ouvrirent et sa bouche prononça ces mots : «Je n'ai fait que tenir la promesse faite au roi, votre père.» Le monarque fut si heureux d'entendre de nouveau la voix de son fidèle Jean que, poussant un cri de joie, il saisit un parchemin, et signa son acte d'abdication. Alors, le cœur de la statue de pierre se mit à battre, et Jean le fidèle dit : «Sire, ne vous dépouillez pas pour moi.» — je ne puis faire moins pour toi que tu n'as fait pour moi», répondit le roi. Il ôta ses riches vêtements, se vêtit de guenilles et partit avec sa femme et ses enfants pieds nus et besace au dos. Jean le fidèle tenta de le retenir, mais ses jambes de pierre le rivaient au sol, loin de son roi qui refusait de l'écouter et s'en allait. Alors la force de son amour l'emporta sur la pesanteur de la matière et l'on vit Jean, marchant sur ses jambes pétrifiées, traverser le palais, descendre le perron et se jeter aux genoux de son maître pour le supplier de ne pas partir. «Tu es mon fidèle Jean, lui dit alors le roi. Tout ce que tu veux, je le veux», et il remonta sur son trône. Le trésor du roi demeura vide et Jean conserva ses jambes de pierre, mais à travers le temps et à travers l'espace jamais ne régna un monarque plus heureux que celui-là, qui avait appris qu'un serviteur fidèle vaut tous les trésors du monde.