«J'ai passé trois jours à flotter sur un bidon de combustible. J'étais avec mon fils mais il m'a lâché la main et a disparu.» Rosa Rivera n'oubliera jamais le cyclone Felix qui a dévasté le nord du Nicaragua, où vivait sa communauté indienne Miskitos.Comme tant d'autres, Rosa a tenté au dernier moment de s'enfuir par la mer à bord d'une fragile embarcation en bois quand Felix s'est abattu mardi sur la région côtière de Puerto Cabezas (nord), faisant une centaine de morts et 50 000 sinistrés. «J'ai vu mourir devant mes yeux trois personnes sur les neuf présentes sur l'embarcation qui s'est coupée en deux», raconte, la voix éteinte, cette femme. Les témoignages poignants affluent au fur et à mesure que les secours, qui ont effectué vendredi un survol de la zone, repêchent des cadavres ou rapatrient des naufragés. Rosa se rappelle cette «mer terrible» qui a pulvérisé le bateau et projeté ses occupants à la mer, certains tentant de s'accrocher aux débris de bois. Secourue par un bateau de pêche, la jeune femme a été aussitôt évacuée, le corps brûlé par le soleil. Dans la région sinistrée de l'Atlantique nord, dont Puerto Cabezas est la capitale, les Indiens Miskitos attendent avec fébrilité des nouvelles, alors que les autorités ratissent le littoral. Dans cette région très pauvre et difficile d'accès, plus de 6 000 familles ont tout perdu et 10 000 maisons avaient été endommagées ou détruites.