Le noir est également la couleur du ressentiment, de la colère et du désir de la vengeance : c'était, dans le passé, la couleur du drapeau des Abbassides et, aujourd'hui, celui des Chiites qui disent l'avoir pris comme emblème depuis l'assassinat d'al-Hussayn à Kerbala. Tous les ans, à l'occasion de la fête de l'Achoura, les pèlerins se rendent au mausolée d'al-Hussayn, arborant des drapeaux noirs et s'adonnant à des actes de mortification. Mais le noir n'est pas une couleur totalement négative. Même la nuit — dans laquelle on voit un symbole de deuil —, peut être vue comme un symbole de repos et de délassement, elle est aussi le point de rencontre des époux et des amoureux qui y cohabitent. La Pierre noire de la Kaâba, à la Mecque, est vénérée par tous les musulmans : elle porte la trace du pied d'Abraham qui s'est appuyé dessus quand, avec son fils Ismaël, il réparait le toit du sanctuaire. Même les animaux de couleur noire peuvent être positifs : la magie préventive et curative les utilise comme de puissants auxiliaire pour lutter contre les démons et le mauvais œil. C'est ainsi que la chair du chat noir passe, dans les superstitions comme un puissant remède contre les maladies, et différents organes de l'animal sont utilisés comme antidotes contre les charmes. Comme chez d'autres peuples, les Arabes opposaient le noir brillant, symbolisme positif, au noir terne, symbolisme négatif. Si le noir brillant était valorisé, c'est parce qu'il nécessitait l'emploi de produits coûteux comme l'ivoire calciné.