Controverse n Une véritable polémique a enflé autour d'un amendement qui introduit la possibilité de tests ADN sur les candidats au regroupement familial en France. La gauche a bataillé ferme dans l'hémicycle contre un amendement «inacceptable et immoral», selon les termes d'un député. Il faut retirer cet amendement qui «tourne le dos aux lois bioéthiques et à la tradition française», s'est indigné le socialiste Manuel Valls. Le député Vert Noël Mamère a dénoncé «un amendement crapuleux et nauséabond». L'amendement sur les tests ADN avait déjà soulevé un tollé de protestations de l'opposition de gauche, des associations et ONG humanitaires et de défense des droits de l'Homme, dont Amnesty International. Et des remous jusqu'au sein même du parti présidentiel et du gouvernement. L'UMP et la présidence se sont réservé la possibilité de faire machine arrière. Il ne s'agit que d'une «piste de réflexion», a dit le porte-parole de M. Sarkozy. Secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara, issue de l'immigration, s'était dit «heurtée» par des tests ADN qui jettent «l'opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous». La dirigeante socialiste et maire de Lille (nord de la France) Martine Aubry a estimé mardi à Dakar que l'amendement de la loi sur l'immigration instaurant des tests ADN pour les candidats au regroupement familial était «indigne». «Je trouve ça indigne. C'est contraire à la conception de la famille française», a-t-elle indiqué avec véhémence, ajoutant que «la famille n'est pas uniquement le lien du sang». Selon Mme Aubry, en visite au Sénégal dans le cadre du jumelage de Lille, avec Saint-Louis, le gouvernement veut faire en sorte que le regroupement familial soit «un combat». L'amendement a aussi suscité un tollé chez les scientifiques. Le collectif «Sauvons la recherche» a dénoncé un «texte inacceptable qui ouvrirait la porte à d'autres abandons». Le généticien Axel Kahn, dans une tribune publiée par le journal Le Monde, a dénoncé une «régression radicale» et des dispositions «pas dignes de notre pays et de son peuple». Un autre ajout au texte devrait susciter le débat : celui levant sous certaines conditions l'interdiction en vigueur en France du recensement des origines raciales ou ethniques lors du recueil de données statistiques. Présenté par Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, le projet entend «mieux encadrer le regroupement familial», dont il durcit les conditions. «Nous devons répondre à l'attente des Français qui nous demandent de maîtriser ces flux migratoires pour préserver l'équilibre de notre communauté nationale», et poursuivre la «rupture» avec le «chaos migratoire», a déclaré M. Hortefeux en présentant le texte à l'assemblée. Le président Nicolas Sarkozy, qui avait déjà durci la législation alors qu'il était ministre de l'Intérieur, a promis une immigration «maîtrisée» et «choisie» lors de sa campagne présidentielle, et son gouvernement, qui s'est fixé un objectif de 25 000 expulsions par an, a accentué la pression policière sur les étrangers en situation irrégulière.