Parmi les vingt-quatre notes de la musique andalouse, pas moins de huit proviennent du gosier du chardonneret. L'annonce peut en laisser plus d'un pantois. Mais parmi les fins connaisseurs, cela n'a rien d'étonnant. Car, disent-ils, le chardonneret jaune a inspiré des musiciens arabes, du temps des Omeyyades à Cordoue (Andalousie) pour ficeler des notes dans le sika et ârak, deux des plus célèbres notes du chant andalou. C'est en écoutant l'oiseau encagé que ces derniers ont pu, avec une bonne oreille musicale, découvrir ces notes et étoffer de la sorte un répertoire déjà riche. des musicologues avancent même que Ziriab, l'un des pionniers de la musique andalouse, s'est imprégné souvent de chardonnerets en cage pour essayer d'écrire ses mélodies ou de les parfaire. D'autres comme lui, des poètes du Maghreb, avaient été des grands passionnés de ce genre d'oiseaux, se permettant même le luxe de psalmodier des vers en leur honneur à l'image de Sidi Lakhdar Benkhlouf, Kaddour El Alami, Abdelaziz El Maghraoui, dont les poèmes furent repris des siècles plus tard par les maîtres du chaâbi algérien.