Rituel Depuis quelques années, les Oranais ont une manière particulière de fêter la fin du ramadan. Entre amis, la veille de l?Aïd, les Oranais jouent aux cartes ou au loto, mangent des grillades vers 2h du matin, et avant de regagner le domicile familial, au petit matin, se rendent au bain pour se décrasser et se délasser. Concernant les grillades, ce commerce devient florissant durant le ramadan au point de concurrencer celui des gâteaux traditionnels. La tendance générale est à l?installation de barbecues dans les plus importants carrefours de la ville. A intervalles réguliers, le long de la rue de la Bastille (artère recevant un marché quotidien dans la journée), dans des présentoirs improvisés, des marchands proposent merguez, viande hachée en boulettes, côtelettes, escalopes,? et brochettes. Souvent sans le moindre égard pour les règles élémentaires d?hygiène. La moutarde, harissa et l?oignon découpé en petits morceaux sont suggérés à profusion pour conférer davantage de goût à cette viande dont on ignore la provenance. Au moins, trois commerçants de brochettes ont pu asseoir leur réputation et drainent la clientèle des autres coins de la ville. Le plus réputé est, sans conteste, celui de la place Gambetta. Il est à préciser qu?en dehors du carême, ce marchand fait de bonnes affaires. Le secret de cette réussite est très simple : il reste ouvert toute la nuit, par conséquent, tous les «fêtards», surtout ceux qui se sont jeté un «verre derrière la cravate» et qui se plaignent d?un creux dans le ventre, échouent chez lui. Le deuxième, situé à l?autre bout de la ville, sur l?axe menant au village d?Es-Senia, reste ouvert aussi pratiquement toute la nuit. Lui aussi profite de son emplacement géographique, de sa proximité des résidences universitaires. Un troisième se trouve en plein c?ur du quartier populaire de Saint-Antoine. Implanté dans un endroit sécurisé, il fonctionne davantage sur la base du copinage. Il est en train de découvrir les avantages du travail nocturne. Il faut signaler que dans tous les autres quartiers périphériques de la ville, on trouve ce genre de commerce la nuit : à El-Hamri, Victor-Hugo, Eckmühl, Cité-Petit? Pendant que les hommes, jeunes et moins jeunes s?encanaillent dans les arrière-boutiques des magasins de la ville transformées pour l?occasion en salles de jeux, les femmes «s?installent» dans les salons de coiffure. Ces lieux d?esthétique connaissent, la dernière soirée de ramadan, une affluence inhabituelle. La plupart d?entre eux travaillent jusqu?aux premières heures du matin. Cette clientèle vient dans l?espoir de réparer les dégâts causés par un mois passé devant les fourneaux.