Enjeu n Se faire prendre c'est risquer une peine de prison et une forte amende et perdre la poule aux œufs d'or. Les villes et villages de la wilaya de Tizi Ouzou ne diffèrent pas trop des autres localités du pays et n'échappent pas à cette règle qui veut que les jeux de société suscitent un engouement particulier chez les jeunes et les moins jeunes durant le ramadan. Dans les hameaux reculés et même dans certains quartiers du chef-lieu de wilaya, un nouveau phénomène est apparu. Les propriétaires de hangars et autres garages s'improvisent en cafetiers dès la première soirée du mois sacré. En l'absence des services de contrôle, l'affaire s'avère d'une facilité déconcertante. Des madriers disposés en longueur sur des piles de parpaings en guise de tables, un réchaud à gaz, une cafetière, deux douzaines de tasses et autant de verres ainsi que quelques boîtes de dominos et des jeux de cartes et la boucle est bouclée. Les citoyens apprécient fortement ces lieux où règne, faut-il le reconnaître, une ambiance chaleureuse. Les parties de carte et de dominos sont interminables et on veille très tard dans ces cafés de fortune. Parfois jusqu'au petit matin. Tout le monde y trouve son compte. Le «cafetier» qui écoule quelques caisses de limonades et deux ou trois plateaux de gâteaux et les clients qui peuvent s'adonner à leur jeu favori à moindre frais. Ce qui distingue ces contrées reste, cependant, le loto, un jeu pas tout à fait nouveau, mais qui a pris d'autres proportions ces dernières années. Contrairement aux dominos et aux cartes, le loto est un véritable jeu de hasard. Il consiste à miser une somme pour éventuellement une cagnotte plus consistante. Absolument comme le loto sportif national, toutes proportions gardées. C'est pour cette raison qu'il demeure un jeu strictement interdit et sa pratique est sévèrement punie. L'organisation des jeux de hasard est du ressort exclusif du Pari sportif algérien (PSA). Une raison que les jeunes et moins jeunes qui s'adonnent avec plaisir aux interminables parties de ce jeu plus que passionnant, ont de la peine à comprendre. Avant les événements de Kabylie de 2001 et la délocalisation de certaines brigades de gendarmerie, des descentes régulières étaient effectuées dans les villages à la recherche des contrevenants. Ces derniers s'adaptaient à la situation en usant de trucs et astuces infaillibles comme, par exemple, placer à des centaines de mètres de l'endroit où s'effectue le jeu, une sentinelle qui donnera l'alerte en allumant un projecteur au moindre véhicule bariolé qui pointe. en effet, l'enjeu est de taille : se faire prendre c'est risquer une peine de prison et une forte amende et perdre la poule aux œufs d'or. Puisque le loto rapporte gros à son organisateur. Et uniquement à lui. La recette peut atteindre plusieurs millions de centimes en une seule nuit. Les joueurs, eux, perdent pour la plupart quelques centaines de dinars mais rentrent chez eux tout heureux d'avoir passé une soirée riche en sensations fortes. Le jeu consiste en une quantité de cartons portant chacun 15 numéros qu'il s'agit de cocher en y plaçant des cailloux au fur et à mesure que le «tireur» lance les numéros qu'il sort au hasard d'un sac de toile. Le premier carton qui voit la totalité de ses cases cochées, annonce l'arrêt de la partie. Le propriétaire du carton en question est déclaré vainqueur et empoche la cagnotte. Le jeu connaît un tel succès que même certains bars d'Alger y ont recours pour amortir le manque à gagner induit par la fermeture qu'ils sont contraints d'observer durant le mois sacré pour des raisons évidentes…