Une autre légende nous a été racontée par d'honorables vieillards de la région concernant la source Tinzert (le nez), qui tire son nom de la forme des deux cavités naturelles qui ressemblent étrangement à deux narines. Il s'agit d'une fontaine située à 500 mètres au sud du village N'Ath Ali, commune de Boghni, au débit appréciable (100 litres par minute). Elle alimente deux centrales hydroélectriques , celles de Ighzer N'chvel et de Thala Oulili. L'eau de cette source est d'un goût saumâtre et la salinité augmente sensiblement en été. La légende raconte qu'à la fin du XVIIIe siècle, une caravane venue de Béjaïa s'est rendue dans le village d'Ath Ali pour rançonner les habitants. Une rançon en nature qui se composait essentiellement de figues sèches et d'huile d'olive. Les caravaniers de Béjaïa disaient que l'eau de la source de Tinzert était salée et qu'elle ne pouvait provenir que de la mer. Pour cela, les Bédjaouis jugeaient normal le fait de s'acquitter d'une dîme en nature. Si par malheur les habitants refusaient de se soumettre à cet impôt, les caravaniers menaçaient de cesser d'alimenter la source à partir de la mer. Plusieurs fois rançonnée, une villageoise osera pourtant, un jour, leur faire un cinglant affront. Cette vieille femme refusa de se faire extorquer, une fois de plus, de la nourriture car elle était très pauvre et tiendra des propos offusquants aux caravaniers. «Si vous voulez couper l'eau, faites-le !» La vieille femme fut alors prise à partie par l'ensemble du village qui décida de la mettre en quarantaine et personne ne lui adressa la parole de peur des représailles. Défier les caravaniers surtout par une vieille femme était un acte inimaginable à l'époque pour les sages du village. Pourtant, les jours, les semaines, les mois et les années se sont écoulés sans que cette source soit tarie. L'eau n'étant pas coupée, les habitants refusèrent par la suite de se soumettre au diktat des caravaniers.