Drame Linda, pétillante de vie, est morte sur le coup. Son crime commis, le père se livre aux gendarmes. Dans une petite région de Kabylie, tout le monde vouait un profond respect à Si Mohand. Marié, père de sept garçons et d?une fille, Linda qui fait sa fierté, il a su donner à ses enfants une éducation irréprochable et, contrairement à beaucoup de ses amis, il n?avait rien contre le fait que sa fille fréquentât encore l?école malgré ses dix-huit ans. Linda et Si Mohand étaient très proches, si proches que ses fils jalousaient cet amour privilégié dont ils se sentaient exclus. Ce jour-là était spécial : Linda avait obtenu le baccalauréat avec mention et une bourse à l?étranger. Les efforts des garçons pour dissuader leur père de revenir sur sa décision de permettre à sa fille de poursuivre son cursus sont vains. Avec sa tendre bénédiction, Linda partit en Angleterre pour de longues études, promettant d?être à la hauteur de la confiance placée en elle. Linda a 21 ans, elle fait de brillantes études, mais elle a beaucoup changé. Ce n?est plus la villageoise timorée et réservée, mais une belle jeune femme qui vit sa vie comme elle l?entend. Bref elle n?a plus rien à voir avec la fille qui a quitté la Kabylie il y a de cela trois ans ! Bien sûr, elle écrit et elle téléphone quotidiennement afin de prendre des nouvelles de sa famille, mais Si Mohand n?est pas bête. Il a, bien entendu, remarqué que sa fille adorée a bien changé. Il n?y a qu?à voir sa façon de s?habiller ! En effet, elle est venue à deux reprises passer les vacances d?été dans son village natal, et tout le monde fut indigné par ses tenues vestimentaires un peu trop osées à leur goût. Lorsque ce matin de mai, il ouvre précipitamment son courrier, Si Mohand pleure en parcourant les quelques lignes d?une lettre pathétique : «Père, je désire t?informer que je ne retournerai plus au pays. Je vis avec un Anglais. Père j?ai commis l?irréparable et je ne le regrette pas. Je suis une femme civilisée. Nous comptons nous marier l?année prochaine. Je sais que vous m?en voudrez tous, alors je préfère disparaître à tout jamais. Ta fille adorée qui t?aime plus que tout au monde.» Si Mohand en parle à ses fils qui lui reprochent de lui avoir donné trop de liberté. Une idée diabolique germe dans l?esprit de Si Mohand. Il téléphone à sa fille et, tendrement, lui dit qu?il comprend sa décision, qu?il n?a rien contre le fait qu?elle fasse sa vie avec un Européen et qu?il voudrait bien qu?elle vienne passer les vacances d?été avec sa famille, car elle leur manque. Confiante, le 23 juin 2001, Linda revient chez elle avec des cadeaux pour tout le monde. Son père l?enlace affectueusement et la prie de s?asseoir sur le divan du salon afin de se reposer du voyage. Si Mohand se retire dans sa chambre quelques minutes, puis revient au salon. À quelques mètres de Linda, il pointe son arme et tire quatre coups dans sa direction puis, froidement, il pose son arme, sourd aux hurlements de sa femme, de ses enfants et de ses voisins, il sort de la maison et se dirige vers la gendarmerie où il avoue son crime avec un sang-froid inouï ! Le verdict tombe : 15 ans de réclusion criminelle pour cet homme qui était pourtant connu pour sa grande sagesse.