Le Sud algérien est-il devenu un «nid» de terroristes ? Après l?affaire des otages européens c?est au tour d?un prince saoudien d?être assassiné jeudi à Djelfa. Si les Saoudiens ont dépêché un avion spécial pour rapatrier la dépouille, les autorités algériennes, elles, ont affiché un mutisme total sur cette nouvelle action terroriste. Un émir saoudien assassiné, neuf de ses compagnons blessés, le reste du groupe pris en otage et deux véhicules 4x4 séquestrés, tel est le bilan macabre d?une action terroriste d?envergure menée dans la nuit de jeudi à vendredi dans la région de Messaâd, dans la wilaya de Djelfa pourtant réputée, à juste titre, comme un havre de paix. L?émir Talal Ibn Abdelaziz Errachid, la victime, fait partie des grands braconniers des monarchies du Golfe qui viennent, dans le Sud algérien, occasionnellement, chasser gazelles et outardes, mettant la faune saharienne en péril et suscitant, à chaque fois, la grogne des habitants des localités ciblées, trop orgueilleux pour laisser des étrangers dénicher en toute impunité la perle rare. Cela, il est vrai, avec le consentement tacite des autorités algériennes qui ne se sont jamais prononcées clairement sur une harassante question de «souveraineté». Selon des sources concordantes, des forces de sécurité combinées aidées par des patriotes ont, sitôt, entrepris des actions de recherche à Djbel Boukhil, un lieu que le groupe terroriste aurait pris comme refuge immédiatement après leur forfait. Les responsables saoudiens, quant à eux, auraient dépêché un avion spécial à partir de Djedda (Arabie saoudite) pour rapatrier la dépouille et les blessés. Sur le plan politique, cet attentat confirme à quel point l?Arabie saoudite, réputée «source théologique» des groupes terroristes est devenue vulnérable et devra, par conséquent, changer ostensiblement son «attitude» à l?égard de ces derniers. Cette action terroriste intervient, faut-il le rappeler, au lendemain des attentats à la voiture piégée ayant eu pour cible les grands palaces de Riyad et les immeubles des sociétés étrangères établies de longue date en terre d?Arabie, américaines et britanniques notamment. Peut-on, dès lors, dire que ces braconniers seront désormais la proie facile des groupes terroristes qui agissent en toute impunité dans ces régions lointaines après avoir essuyé des revers cuisants de la part des services de sécurité dans les autres contrées du pays ? Ces groupes terroristes ont-ils trouvé en le Sud algérien le terrain de prédilection pour se revigorer et s?assurer une bonne publicité en ciblant les richissimes émirs saoudiens, koweïtiens et autres émiratis qui sont, à chaque fois, prêts à casser la tirelire en s?adonnant à leur passion : le braconnage. Enfin, devrait-on s?attendre à un nouveau feuilleton de prise d?otages, saoudiens ceux-là, à peine quelques mois après l?heureux épilogue de l?affaire à l?estampille Gspc des otages européens ? Sur ce dernier point, une affaire «d?otages saoudiens» aurait pu être haletante pour de longues semaines, n?eût été la bonne nouvelle qui laissait croire hier que les otages, trois Saoudiens et quatre «sherpas» algériens auraient été libérés.