La résurgence de groupes armés dans les Hauts-Plateaux de Djelfa pose des interrogations à longueur de ligne. Une vaste opération de recherche a été lancée dans les monts Boukhil, dans la région des Ouled Naïl, afin de retrouver les auteurs de l'attaque contre le cortège des dignitaires saoudiens, en villégiature dans la région depuis plusieurs jours. La présence du général-major, Fodhil-Chérif Brahim, sur les lieux immédiatement après l'attaque, renseigne sur l'intérêt porté en plus haut lieu à ce drame, qui risque de jeter un voile de soupçons et d'appréhensions, et pour fort longtemps, sur l'Algérie. L'attaque terroriste, perpétrée le troisième jour de l'Aïd El-Fitr, est venue à un moment inopportun pour rappeler à tous que le danger terroriste est présent encore et est inscrit dans la durée. Plus de vingt citoyens ont été tués durant le mois de Ramadan, sans que cela n'inquiète les autorités outre mesure. Et il a fallu que des dignitaires saoudiens soient attaqués pour se rendre à l'évidence d'un terrorisme chronique. L'attaque, survenue au lieu-dit Oum Laâdhâm, dans la circonscription de Faydh El Botma, près de Messaâd, dans le sud de Djelfa, a été perpétrée dans la nuit, ce qui avait parmi aux assaillants, embusqués de part et d'autre de la route, d'ouvrir un feu nourri sur les passagers des véhicules saoudiens et les forces de sécurité qui les accompagnaient. L'éditeur et poète populaire saoudien, Talâl Ibn Abdelaziz Er-Rachid, a été tué sur le coup. Agé de 41 ans et propriétaire de la revue littéraire Fawaçil, il était accompagné d'un de ses deux fils, âgé de 15 ans. Plusieurs autres passagers, parmi lesquels des Algériens et des Saoudiens, ont été touchés dans l'attaque. La confusion qui s'en est suivi a permis aux assaillants de se saisir de plusieurs personnes qu'ils comptaient prendre en otage, avant de les relâcher eu égard au relief découvert et aux monts particulièrement rudes et froids en pareille période. Le groupe terroriste, dont le nombre variait entre douze et vingt assaillants, était, selon les témoignages, bien équipé en armement de toute sorte et préparé à réussir son coup. «Ils devaient avoir repéré le cortège des dignitaires saoudiens et s'étaient embusqués au bon endroit», précise une source sécuritaire à Djelfa. La région de Djelfa, jusqu'en 2001 zone d'activité du GIA, avait été «nettoyée» à partir du début de l'année 2001, après l'incursion perpétrée par le GIA en plein centre-ville, dans le quartier de Boutrifis, et qui s'est soldée par la mort de quatre citoyens. Depuis, la région connaît un calme total et même des zones chaudes comme Messaâd¸ Aïn Maâbed ou Had Shary ont retrouvé leur sérénité de naguère. C'est pour cela qu'il faudrait rester très prudent quant à l'identité et la filiation du groupe auteur de l'attaque, bien que le Gspc soit le plus indiqué pour cette opération. Son «antécédent» concernant le rapt des 32 touristes au Sud algérien est encore frais pour rappeler que l'organisation bicéphale qu'est devenu le Gspc - Hattab ne commande plus désormais que les katibate de Kabylie, son fief depuis 1996 -. En fait, la résurgence des groupes armés dans les Hauts-Plateaux des Ouled Naïl pose des interrogations à longueur de ligne et pousse à plus de circonspection concernant la nouvelle carte sécuritaire. Déjà éclaboussé par le rapt des 32 touristes européens dans le Sud, en mars dernier, ce nouvel épisode risque d'entacher encore plus le secteur du tourisme en Algérie et de mettre dans une gêne terrible le président de la République, l'hôte des dignitaires saoudiens depuis son investiture, en avril 1999.