Le groupe agressé a été pris sous un feu nourri sans la moindre chance de se défendre. Diab El-Moutayri, blessé par balles à la cuisse et aux chevilles, se trouve toujours en observation à l'hôpital du roi Fayçal en Arabie Saoudite. Le journal londonien Asharq Al Awsat a réussi à le faire témoigner. L'homme, âgé de 20 ans et ami du fils du défunt Talal Errachid, se trouvait dans le même véhicule que ce dernier la nuit de l'attentat. «Nous avons été surpris par un feu nourri et direct venant de la montagne faisant face au djebel Boukhil dans la wilaya de Djelfa et ce, sans la moindre sommation.» Contrairement à ce qu'avaient affirmé précédemment des sources, «le défunt, ni aucun d'entre nous, n'a pu riposter même si nous étions tous armés puisque nous étions en chasse». Le témoin, soigné en compagnie de quatre autres blessés, dont un grièvement à la poitrine, pense que le défunt Talal, à qui le souverain saoudien a personnellement rendu hommage, «est mort sur le coup». Il pense que «les autres n'ont dû la vie sauve qu'aux réflexes du chauffeur qui a pu éteindre tous ses feux avant de rouler à vive allure vers le bivouac qui se trouvait à cinquante kilomètres du lieu de l'attaque». Deux autres véhicules, dont les conducteurs ont paniqué, sont restés sur place, avant d'être pris d'assaut par les terroristes. Les tout-terrains et leurs sept occupants, trois Saoudiens et quatre Algériens, ont été pris en otage avant d'être relâchés, quelques heures plus tard, alors que les armes, les munitions et les vivres ont toutes été gardées par les terroristes que l'on dit faire partie des phalanges que dirige Abderrezak El Para. De sources diplomatiques, on apprend que le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a pris langue en personne avec l'ambassadeur saoudien à Alger pour lui présenter les condoléances de notre pays avant de l'assurer que tout sera fait afin que la lumière soit faite sur cette affaire et que les auteurs de cet attentat soient trouvés et jugés. Il convient de souligner que les autorités algériennes sont demeurées très discrètes sur cette affaire qui a coûté la vie à un poète saoudien célèbre dont la vente des bandes sonores a connu un énorme pic durant ces dernières quarante-huit heures. Il faut dire que cette affaire est loin de servir les intérêts de notre pays qui a déjà vécu une terrible affaire de prise d'otages européens dans le Grand Sud algérien. Si le tourisme a sensiblement baissé, cet attentat a eu pour effet de faire fuir l'ensemble des chasseurs qui, dit-on, payaient cher leurs escapades à la recherche de la précieuse outarde algérienne. Des sources sécuritaires, sous le sceau de l'anonymat, indiquent privilégier la piste du Gspc dont les éléments infestent cette région. On ajoute que le convoi a pu être pris pour une délégation officielle, ce qui explique cette attaque fulgurante, suivie d'une prise d'otages de quelques heures à peine. Les trois Saoudiens et les quatre Algériens auraient été relâchés une fois que les terroristes ont constaté leur erreur, puisqu'ils ne se sont jamais attaqués à des personnes des pays du Golfe à qui ils doivent beaucoup. Les mêmes sources ajoutent que si les assaillants avaient su l'identité de la personne défunte, nul doute qu'ils l'auraient prise en otage afin de la monnayer à un très bon prix. Pour le moment, si aucune piste n'est écartée, c'est que le guide, qui avait convaincu Talal et les siens de se diriger vers Djebel Boukhil à Djelfa au lieu de Biskra où ils comptaient se rendre, a disparu immédiatement après l'attentat. Les enquêteurs qui ratissent la région se demandent s'il a été enlevé ou s'il est complice des terroristes. Car, dans ce cas, cela signifierait que le Gspc, proche d'Al-Qaïda, a changé de tactique en décidant de s'attaquer aux Arabes en visite dans notre pays. Une affaire à suivre.