Le secteur de l'informel gangrène l'économie nationale. 40 à 60% de l'ensemble de l'activité économique échappent à tout contrôle des structures habilitées. Les spécialistes mettent en garde contre les mesures répressives et voient dans l'allégement de la pression fiscale, le meilleur moyen d'atténuer l'ampleur du phénomène qui porte préjudice non seulement au Trésor public, mais aussi aux opérateurs économiques exerçant dans la légalité. Le secteur informel représenterait 40 à 60% de l'économie nationale. C'est le taux avancé ce matin par le président de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie. Invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale, Brahim Bendjabi a expliqué, sur la base d'un calcul des plus simples, que le montant total des sommes qui échappent annuellement à tout contrôle tournerait autour de 15 milliards de dollars. L'orateur commence son argumentaire par un rappel du chiffre admis par les autorités de 2 millions de personnes qui travaillent dans l'informel. «Si l'on considère que ces personnes perçoivent uniquement 5 000 DA par mois - ce qui est loin d'être réaliste -, ça nous ferait 10 milliards de dinars de salaires chaque mois, donc 120 milliards de dinars qui ne sont pas déclarés au fisc par année.» M. Bendjabi continue en expliquant que cette somme est «supposée générer au moins 10 fois son montant en terme de chiffre d'affaires, soit environ 15 milliards de dollars qui échappent au fisc annuellement». A y regarder de près, le montant réel des sommes brassées dans l'informel serait beaucoup plus important puisque l'étude présentée par M. Bendjabi se base sur une estimation du revenu de la personne versée dans l'informel de l'ordre de 5 000 DA, ce qui est, de son avis même, irréaliste et invraisemblable. 15 milliards de dollars restent tout de même un chiffre effarant qui appelle une réaction urgente des pouvoirs publics. Cette réaction ne doit nullement signifier «répression», d'autant plus que 2 millions de personnes, donc autant de familles, vivent de ces activités, avertit le président de la Caci pour qui il existe des moyens beaucoup plus efficaces pour venir à bout du phénomène tout en permettant à ces centaines de milliers de familles de garder leurs sources de revenus. A commencer par l'allégement de la pression fiscale et parafiscale sur les entreprises et les commerçants qui ont «pignon sur rue». M. Bendjabi se lance dans un véritable plaidoyer pour cette option qui, selon lui, n'aura pas une incidence financière importante pour le Trésor public. Les entreprises algériennes payent aujourd'hui trop d'impôts et de charges. «Les taxes parafiscales que paye aujourd'hui l'opérateur économique sur les salaires qui sont versés aux travailleurs sont de 29%, si l'on ajoute le congé payé (8%) cela ferait 37% ce qui est très élevé par rapport à de nombreux autres pays dans le monde», résume-t-il. C'est précisément cette situation qui dissuade plus d'un adepte de l'informel de se conformer à la réglementation. Pourtant, ces derniers ne demandent que l'occasion de pouvoir exercer dans la légalité puisque, de l'avis de M. Bendjabi, «ils ne dorment pas tranquillement et baissent rideau à la moindre descente des services des impôts» et ils n'hésiteraient pas à rentrer dans le formel si une «taxation et une parafiscalité réalistes qui tiennent compte de la réalité algérienne sont mises en place». L'orateur préconise une baisse sensible, dans un premier temps, du taux de l'IRG et de l'IDS qui ne représentent, selon les chiffres de la Direction générale des impôts, que 12% de l'ensemble de la fiscalité ordinaire estimée à 800 milliards de dinars.