Résumé de la 3e partie n Barbe Bleue s'apprête à tuer sa femme parce qu'elle lui a désobéi. Mais à l'horizon, apparaît un nuage de poussière soulevée par des chevaux. Les cavaliers seraient-ils les frères de l'épouse du sanguinaire ? — «Sont-ce mes frères ?» — «Hélas! non, ma sœur, c'est un troupeau de moutons.» — «Ne veux-tu pas descendre ?» criait la Barbe bleue. — «Encore un moment», répondait sa femme ; et puis elle criait : — «Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» — «Je vois», répondit-elle, «deux cavaliers qui viennent de ce côté-ci, mais ils sont bien loin encore. Dieu soit loué», s'écria-t-elle un moment après, «ce sont mes frères ; je leur fais signe pour leur demander de se hâter.» Barbe bleue se mit à crier si fort que toute la maison en trembla. La pauvre femme descendit, et alla se jeter à ses pieds tout éplorée et tout échevelée. — «Cela ne sert à rien», dit Barbe bleue, «il faut mourir.» Puis la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre levant le couteau en l'air, il allait lui trancher la tête. La pauvre femme se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux suppliants, le pria de lui accorder un petit moment pour se recueillir. — «Non, non», dit-il, «recommande-toi bien à Dieu» ; et levant son bras... A ce moment, on heurta si fort à la porte que Barbe Bleue s'arrêta tout court : on ouvrit, et aussitôt on vit entrer deux cavaliers qui, mettant l'épée à la main, coururent droit à Barbe bleue. Il reconnut que c'étaient les frères de sa femme, l'un dragon et l'autre mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt, mais les deux frères le poursuivirent et le rattrapèrent avant qu'il pût gagner le perron : ils lui passèrent leur épée au travers du corps, et le laissèrent mort. La pauvre femme était presque aussi morte que son mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser ses frères. Il se trouva que Barbe bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses biens. Elle en employa une partie à marier sa sœur Anne avec un jeune gentilhomme, dont elle était aimée depuis longtemps ; une autre partie à acheter des charges de capitaine à ses deux frères ; et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui lui fit oublier la période difficile passée avec Barbe bleue.