Paradoxe n Les Américains préfèrent la loi du silence face aux violations de l'Etat hébreu. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé à la restitution de tous les territoires palestiniens occupés par Israël en 1967 soulignant que le peuple palestinien devait avoir un Etat «continu et viable». S'exprimant dans une interview à la télévision palestinienne, M. Abbas a affirmé que «le peuple palestinien doit avoir un Etat continu et viable sur les frontières de 1967. La superficie de la Cisjordanie et de la bande de Gaza totalise 6 205 km2 et nous voulons ces 6 205 km2.» «Nous avons rejeté par le passé et rejetons actuellement un Etat aux frontières temporaires», a ajouté M. Abbas. Le président palestinien s'est toutefois dit disposé à accepter des «modifications frontalières ici et là», mais a exclu des «échanges de territoires» entre Palestiniens et Israéliens dans le cadre d'un accord. Cette persistance légitime palestinienne reste cependant confrontée au mutisme américain. Les Etats-Unis se sont abstenus de tout commentaire après la décision d'Israël de confisquer des terres palestiniennes près de Jérusalem, annoncée à quelques jours d'une nouvelle tournée dans la région de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. «Je suis encore en train de me renseigner», a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, interrogé pour la quatrième fois en deux jours à ce sujet. «Je veux avoir une meilleure compréhension des faits avec l'aide de nos gens sur le terrain. Je ne l'ai pas encore. Dès que je l'aurai, je serai heureux de vous donner une réaction», a ajouté le porte-parole. Cette prudence contraste avec les réactions des gouvernements français, égyptien et jordanien, lesquels ont dénoncé la décision israélienne, qui fait craindre une relance de la colonisation juive des territoires palestiniens au moment où Israéliens et Palestiniens sont censés discuter du processus de paix. Or, la colonisation juive est l'une des principales questions sur lesquelles ont buté les précédentes négociations entre Israël et les Palestiniens. L'Etat hébreu s'était engagé en 2005 auprès des Etats-Unis à geler un vaste projet de construction dans ce secteur. Dans une lettre ouverte au président George W. Bush publiée mercredi à Washington, huit anciens parlementaires et conseillers des présidents Jimmy Carter, Bill Clinton, George Bush père et John Kennedy ont justement souligné l'importance pour Mme Rice d'obtenir d'Israël un gel de la colonisation. «Il est de la plus haute importance, si on veut donner une crédibilité quelconque à cette conférence, qu'elle coïncide avec un gel de l'expansion de la colonisation israélienne», indiquent ces anciens responsables dont Zbigniew Brzezinski, Brent Scowcroft, Thomas Pickering et Lee Hamilton.