Les cercles occultes sont évoqués pour désigner les groupes de pression non identifiés, le plus souvent liés à la sphère du pouvoir étatique. Ils sont accusés de ce fait d'agir dans une zone de non-droit pour casser les syndicats, les partis politiques, les médias et toute entité susceptible de remettre en question la légitimité des dirigeants. ll n'y a pas quelque dissidence ou quelque déstabilisation qui n'ait, derrière elle, les fameux «sravess». L'action des cercles occultes apparaît envahissante et omniprésente. Quand Boualem Benhamouda, l'ex-SG du FLN, avait apporté le soutien du parti au candidat du consensus lors de la présidentielle d'avril 1999, il avait expliqué, pour justifier son choix, qu'il «avait reçu des ordres d'en haut». Malgré l'instauration, depuis 1989, du multipartisme, les Algériens, qu'ils soient plus ou moins politisés, sentent qu'ils vivent sous un climat de conspiration où chacun complote. Dans les cafés, quand le commun des Algériens discute de politique, il baisse la voix afin de ne pas être entendu pensant, de la sorte, éviter de voir son nom figurer sur quelque BRQ compromettant. Dans ces conditions, la lisibilité du champ politique pour la majorité devient problématique. Difficile de faire la part du réel et de la fabulation. Le jeu politique semble miné, travesti et les acteurs le plus souvent y ont figure de pantomimes. L'image est prégnante : ceux qui tirent les ficelles sont tapis dans l'ombre et montent des histoires à la garagouz. Que la démocratie ait des couleurs aussi factices, il ne faut pas s'étonner qu'elle soit devenue une notion complètement vidée de son sens.