"Cicatrice" 7 000 musulmans ont été exécutés en 1995. Plus de 10 000 musulmans de Bosnie se sont recueillis, vendredi à Srebrenica (Est), à l'occasion du 8e anniversaire du massacre commis en 1995 par les forces serbes, une cérémonie au cours de laquelle près de 300 corps identifiés ont été inhumés. Les corps des victimes, âgées de 14 à 75 ans, ont été inhumés au cimetière commémoratif de Potocari, près de Srebrenica. Les victimes reposent désormais près des dépouilles de 600 autres, les premières à avoir été identifiées et enterrées fin mars. Originaire de Srebrenica, Raza Atic, 31 ans, est venue enterrer son grand-père, Avdulah, âgé de 75 ans, lorsque le drame s'est produit. En mars, cette femme avait enterré son époux, Nezir, lui aussi tué par les forces serbes en 1995. «Je ne veux plus revenir m'installer à Srebrenica», dit-elle en pleurant alors que les noms des victimes sont annoncés par haut-parleur, un par un. «Je ne peux plus vivre aux côtés de ceux qui ont tué ma famille», soupire Raza qui habite actuellement dans la banlieue de Sarajevo. Les cérémonies ont commencé par la traditionnelle prière musulmane du midi, suivie d?une prière pour les morts, prononcée par un imam. La région de Srebrenica a été attribuée aux Serbes de Bosnie lors de la signature de l'accord de Dayton (décembre 1995), qui a mis un terme à la guerre (1992-1995) et officialisé la partition du pays en deux entités : la Republika Srpska (RS) et la Fédération croato-musulmane. Plus de 7 000 musulmans avaient été exécutés après la chute de Srebrenica le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin de la guerre en Bosnie. Dans la ville même de Srebrenica, jadis majoritairement peuplée de musulmans, l'atmosphère était calme. Sur les devantures des magasins des musulmans ayant regagné Srebrenica, des affiches proclamaient : «N'oublions jamais Srebrenica.» La plupart des membres de la communauté serbe de Bosnie refusent toujours de reconnaître qu'un massacre a eu lieu alors que les autorités serbes de Bosnie minimisent, elles, le nombre des victimes. Huit ans après, outre l'ex-dirigeant des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic et son chef militaire Ratko Mladic, les principaux responsables des massacres échappent toujours à la justice internationale.