Des dizaines de milliers de personnes affluaient, hier à Srebrenica, pour le 15e anniversaire du massacre de 8000 musulmans bosniaques par les forces serbes de Bosnie, en juillet 1995, une journée marquée par l'enterrement de près de 800 victimes. Plus de 170 autocars, selon les organisateurs, devaient conduire les participants aux cérémonies, civile et religieuse, dans la localité de Potocari, où se trouve le mémorial consacré au massacre. Des milliers d'autres personnes convergeaient en voiture vers le site proche de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie. Les restes de 775 victimes du massacre récemment identifiées seront enterrés au cours de cette journée dans le centre mémorial de Potocari, où 3749 corps reposent déjà. Il s'agira de l'enterrement le plus important par le nombre de corps depuis que le mémorial a été érigé, en 2003. Les cérémonies, auxquelles sont attendues des personnalités étrangères dont le président serbe Boris Tadic, ont débuté peu après 11h locales (9h GMT). Quelque 10 000 personnes étaient déjà arrivées samedi soir à Srebrenica. Parmi elles, 5000 marcheurs qui ont repris, en sens inverse, le chemin d'une centaine de kilomètres emprunté en juillet 1995 par les musulmans bosniaques fuyant l'enclave, juste avant qu'elle ne tombe entre les mains des forces serbes bosniaques. « J'ai décidé cette année de faire cette marche pour la dédier à mon frère », a déclaré un des rescapés, Ekrem Muhic, 35 ans. Son frère, qui avait 21 ans à l'époque, a été arrêté dans la forêt et exécuté. Sa dépouille a été retrouvée 15 ans après dans une fosse commune et devait être enterrée hier à Potocari. Le père de Ekrem, également tué dans le massacre, a été enterré dans le même cimetière en 2008. Srebrenica se trouve en Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie. Quelque 1500 policiers ont été déployés pour assurer la sécurité lors des cérémonies et du déplacement des participants, selon un responsable policier serbe bosniaque. Quelque 8000 hommes et adolescents musulmans ont été tués en l'espace de quelques jours, en juillet 1995, par les forces serbes bosniaques qui s'étaient emparées de l'enclave musulmane, alors « zone protégée » des Nations unies.