Le président de Serbie, Tadic, a déclaré, lors des cérémonies commémorant le 10e anniversaire du massacre de musulmans à Srebrenica, qu'il espérait une arrestation dans quelque jours de l'ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, inculpé de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour son rôle dans cette tuerie à l'échelle industrielle. Tadic est le premier président serbe à assister à une cérémonie de recueillement à la mémoire des musulmans assassinés en Bosnie orientale, peu avant la fin de la guerre interethnique qui a fait imploser l'ex-Yougoslavie. Il tenait à marquer que la nouvelle Serbie n'est plus celle condamnée par la communauté internationale, période noire qui s'est terminée par une véritable guerre au cœur de l'Europe. Il a désapprouvé les crimes perpétrés sous le régime de son prédécesseur, entre les mains du TPI. Des dizaines de milliers de personnes étaient présentes à cette cérémonie au cours de laquelle 610 corps de victimes identifiés devaient rejoindre les 1 300 tombes de musulmans massacrés par des Serbes, dans le cimetière commémoratif construit à l'entrée de Srebrenica. Mladic est en fuite depuis son inculpation par le Tribunal international, qui a mis la main sur son complice, le général serbe de Bosnie, Radislav Krstic, qui commandait les forces ayant pris l'enclave musulmane. Tous les musulmans de l'ex-Yougoslavie ont tenu à s'incliner devant les victimes d'un massacre considéré comme la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les parents de victimes du nationalisme chauvin serbe, venus enterrer leurs proches, ont tenu à faire partager leur drame, soulignant ne jamais oublier même si le moment est à la cohabitation. Près de 8 000 musulmans avaient été sommairement exécutés par les forces serbes dans cette ville, le 11 juillet 1995, et les jours qui suivirent. Les victimes ont été ensuite éparpillées dans des fosses communes à travers la région. Le membre musulman de la présidence tripartite de Bosnie, Sulejman Tihic, devait lui aussi déclarer que le pardon n'est pas l'oubli. D. Bouata